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Benny débarque de son paquebot dans un Buenos-Aires d’opérette en noir et blanc. Il va passer quelques jours avec son frère, qui partit il y a onze en congé sabbatique et ne revint jamais. Dans son sac, une lettre d’Angelo dans laquelle il écrivait qu’il viendrait le sauver de leur père tyrannique. Benny s’est échappé de lui-même en s’embarquant sur un paquebot comme un personnage de romans d’aventures. Angelo qui avait fui pour écrire, a tourné le dos à la littérature, à sa famille et à son propre prénom. Désormais il souhaite être nommé Tetro, et Benny n’est pas vraiment bienvenu dans sa nouvelle vie.
Benny trouve le manuscrit de son frère, et décide de le décoder…
Le film raconte l’histoire de Tetro, à travers des flash-backs générés par sa propre narration tirée du manuscrit, des conversations, des colères, un extrait des Contes d’Hoffmann de Powell et Pressburger, la danse (qui transforme les souvenirs en art et pure émotion), et enfin la pièce de Tetro jouée de façon outrée comme du cabaret.
Allant de la pureté totale à une vision opératique, avec des acteurs sobres, et d’autres cabotins, ce film est une symphonie sur l’art et la filiation.
Malgré de nombreuses références au cinéma classique ( par exemple lorsqu’Angelo et son ogre de père marchent sur la plage et passent devant un panneau “No trespassing” comme celui de Citizen Kane d’Orson Welles) et à la littérature ( lorsque Benny travaille chez Aberlardo, il y a derrière lui les portraits d’Hemingway, Antonin Artaud et Rimbaud), ce film ne prend jamais la lourdeur d’une œuvre postmoderne ; et Coppola sait jouer de la trompette du kitsch ( le vulgarissime festival Parricides de Patagonie) en laissant à son récit la pureté d’une tragédie grecque.
Le rôle de Tetro est joué par l’extraordinaire Vincent Gallo, dont le sage perfectionnisme et la minéralité, ne cachent pas les tourments qui se meuvent sous le masque de sa beauté incarnée.
Benny est interprété par le jeune Alden Ehrenreich qui est superbe (rappelant parfois Marlon Brando jeune) à la fois joueur, brillant, curieux et sensible.
Leurs traumatismes, l’amputation d’amour qu’ils ont subit, semble les rendre maladroits, semble les porter à se frotter au danger des routes trop fréquentées et durant tout le film nous sommes suspendu à leur vies qui semblent ne tenir qu’à un fil. Cette fragilité donne le tempo à souffle coupé du film.
Pour moi Tetro a été un choc; j’avais un peu peur dans les 30 premières secondes, de ce noir et blanc plaqué et cette Argentine de cartes postales, mais pratiquement immédiatement j’ai été emportée par la force des émotions des personnages. Le sens de l’humour de cette fresque, son lyrisme, l’excentricité assumée, et l’originalité du traitement m’ont tellement éblouie, que je ne comprends absolument pas que quiconque puisse douter que ce film est un chef d’œuvre ! Il y a si longtemps que je n’avais pas été prise avec une telle force par un film contemporain !
Coppola avec Tetro transcende l’autobiographie en la faisant mythe universel !
Le soir où j’ai vu Tetro je me suis couchée à l’intérieur du film, et lorsque le lendemain je me suis réveille, il était toujours présent en moi. La veille j’avais quitté la salle de cinéma encore hantée par les dangers qui avaient été écarté, il m’a fallut un nuit pour me rendre compte que la couleur finale du film est positive car le père monstrueux est sorti du tableau de famille, et c’est l’adulte de référence, le frère qui presque par magie prend le rôle de père pour mener cette famille loin des rivalités et vers l’art.
Benny arrives in an almost dream-like black and white
Benny finds his brother’s coded manuscript, and decides to decipher it…
So this film tells Tetro’s story through flashbacks generated by his own narration from the manuscript, extracts of the Powell and Pressburger’s film: The Tales of Hoffmann; ballets (transfiguring the memory into pure art and emotion), and the played cabaret like play from Tetro’s manuscript… Going from deliberately pure to operatic, with sober actors and over the top ones, this film is like a symphony about art and filiations. One by one, it unveils Tetro’s traumas: his mother who was killed in a car accident while he was driving. A genius father who took everything from everybody around, like a fairy tale monster…
Despites the numerous references to classic cinema (like when Angelo and his bigger than life father walks on a beach where a “no trespassing” sign reminds of the one in Orson Welles’s Citizen Kane), and to literature (when Benny works in Aberlardo’s house, there are around him three little portraits: a picture of Hemingway, a drawn self-portrait of Antonin Artaud, and another of Arthur Rimbaud), this film never becomes post-modern. Despites the sometime kitchness of the scenery (the Parricides festival of
The part of Tetro is played by the extraordinary Vincent Gallo, whose wise perfectionism and minerality, do not hide the torments that are going on under the mask of his incarnated beauty.
Benny played by Alden Ehrenreich is amazing, playful, brilliant, curious and sensitive.
Their trauma, like their artistic sensitivity, seem to have made Tetro and Benny destined to have dangerous accidents, and we spend the film suspended by the fear they can be crossed over by a car or a cruel destiny. This fragility creates the breathless tempo of this opus.
To me Tetro was a shock; I was a bit scared at the beginning by the flat black and white and fake Argentina, but soon the force of the characters’ emotions. The sense of humour, the assumed eccentricity, the originality of the treatment amazed me so much, that I absolutely don’t understand people who won’t consider it as a master-piece. It’s been so long since such an ambitious and altogether human film has made me feel that way: cinematically fulfilled!
Coppola with Tetro transcends autobiography by making it an universal myth!
PS with ***spoiler alert***:
After I saw Tetro, I went to bed with this film and also woke up with it. Strangely when I left the cinema I was still haunted by the risks taken by the characters and the possibility of all of the story turning into a tragedy, but when I woke up the following morning I thought that without a doubt it was a fairy tale and that the ogre father was out of the family portrait because by magic the surrogate, the brother had taken his role to lead this family far from rivalries and to art.
5 comments:
Merci pour le commentaire. Un très beau film effectivement
Quelle chance !!!
J'aime être dans cet état quand je sors d'un film.
Je comprends donc à 100 %. C'est pour ce genre d'expérience que je vais au cinéma :-)
Tout à fait d'accord avec toi. Je croise les doigts pour que cette réussite artistique relance la carrière de Coppola. Il a encore beaucoup d'histoires à nous raconter.
Effectivement, je vois que nous avons un avis différent, et je respecte le tien, tout à fait justifié dans ta critique (tu as apparemment été sensible aux nombreuses références utilisées par Coppola). En tous les cas c'est toujours une bonne nouvelle lorsqu'un film provoque ce type de réaction et d'émerveillement chez un spectateur, ce qui pour moi s'est produit non avec Tetro, mais avec Vincere. Affaire de sensibilité, j'imagine.
Bonjour, Tetro est une oeuvre qui sort de l'ordinaire, très belle et avec une histoire qui ne peut que toucher. En revanche, j'ai des personnes autour de moi qui sont parties avant la fin, comme quoi...
J'ai dit le bien que je pensais de ce film le 15/02/10. Bonne journée.
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