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La projection avait lieu dans le cadre de la soirée de lancement des pépites du cinéma, un festival de cinéma passionnant que Michel Gondry soutient et c'était donc la raison de sa présence vendredi 7 septembre à la Courneuve!
La Projection
Quand
Emilie, ma pote peintre, m'a textée me proposant d'aller voir une
avant-première de The We and the I je n'ai pas hésité
un instant pour dire oui. D'abord parce que je suis toujours
extrêmement curieuse des nouvelles oeuvres de Michel Gondry
et particulièrement les moins commerciales, ensuite parce que
j'avais juste très envie de voir ce film. Donc je ne me suis pas
refroidie quand j'ai su que la projection serait à La Courneuve,
me disant que c'était logique d'aller en banlieue parisienne pour
aller voir un film sur des jeunes du Bronx.
À l'entrée
du ciné, c'était le Bronx, enfin le bazar, une bande de jeunes
voulait participer à la séance et la responsable leur a dit d'un
air déçu «Pour une fois que vous voulez venir voir des films chez
nous y a pas de place!» et eux « Mais on est chez nous ici!».
Ce cinéma, l'étoile, n'est pas un îlot dans la banlieue et il
essaye d'attirer les jeunes du quartier.
Donc on est
installées dans la salle, et Gondry arrive pour présenter le film.
Pas du tout le Gondry des interviews que j'ai vues et lues, il était
déjanté et ludique, expliquait qu'il avait insisté pour que le
film sorte en avant-première extra-muros et que c'est aussi
difficile de sortir de Paris que d'y entrer. Tout son discours était
justement tourné vers ces lascars qui avaient voulu entrer (et qui
étaient disséminés dans la salle), c'est pour leur montrer le
film à eux qu'il est venu à La Courneuve. Et en même temps il
essayait d'affirmer sa street-credibility en rappelant que c'est lui
qui avait fait le clip de IAM Je danse le mia, qu'il
venait lui aussi de la banlieue, certes la banlieue moquette mais que
son groupe Oui Oui en rapport avec NTM 93 s'était
surnommé ETM 78 (encule ta mère)! C'était très drôle et
rafraichissant de l'écouter partir dans tous les sens sans la
moindre censure ni dans le vocabulaire ni dans les idées! Quand j'ai
appris via the Playlist que son prochain film avait au
casting Tautou, Duris et Elmaleh, j'ai été très déçue, et
justement Gondry a alors perdu pas mal de sa crédibilité pour moi,
qui fut rétablie vendredi par un magnifique et poétique «ils
me font chier les couilles ».
Le film:
Un sound
system sous forme de bus roule dans les rues de New York. C'est le
dernier jour de classe, les élèves sortent, et vont à l'épicerie
d'à côté récupérer leurs portables qu'ils ont mis en consigne
pour un dollar la journée. Térésa avec une perruque blonde sur la
tête attend. Le bus arrive et les gamins montent dedans, prennent
leur place pour jouer leur rôle dans le théâtre de leur vie. The
We and the I observe les adolescents et la grande différence
qu'il y a entre leur comportement en groupe et en tant qu'individu
(ce qui explique le titre). Le trajet est assez long pour qu'on ait
le temps d'approfondir, et de dépasser la première impression. Pour
toute personne prenant les transports en commun le chahut des
adolescents, leurs incivilités, sont un spectacle quotidien qu'on a
jamais l'occasion d'approfondir. On n'a rarement l'opportunité de
dépasser le dérangement occasionné par cette jeunesse pleine
d'énergie. Et là Gondry nous donne accès à cette richesse. Il
nous donne une nouvelle grille de lecture pour aborder le réel.
Dans la
première partie « the bullies » j'ai pensé aux
Mauvaises Fréquentations de Jean Eustache, et à
ces jeunes hommes qui n'arrivant pas à se canaliser faisaient
souffrir quelqu'un qu'ils auraient pu aimer, comme ça par
maladresse. J'ai retrouvé entre les jeunes-hommes en manque d'amour
des années 60 et ces adolescents du Bronx, le même genre de cruauté
qui bien qu'il me mette mal à l'aise fait partie d'un réel rarement dépeint au cinéma.
ça n'est
pas des personnages que Michel Gondry nous permet ici de découvrir
grâce à cette unité de temps et d'action (qu'est le bus), mais de
vrais personnes. Comme dans L'épine dans le coeur, il
laisse la place à tout, quitte à risquer de perdre un peu la
rythmique idéale d'une fiction. Cette façon qu'il a de tout inclure
de l'humain dans ses films, la réalité, les fantasmes, les rêves,
les côtés obscurs, et les lumineux, me passionne. Il s'agit d'un
film qui créé un écrin pour permettre à des jeunes de raconter
leurs histoires et leur réalité.
C'est dixit
Gondry la vision des ateliers de la Cité de Dieu qui
lui a donné l'idée, de lui aussi créer des ateliers à The
Point (un centre social dédié à la créativité dans le Bronx)
et pendant 3 ans il a travaillé avec ces jeunes, il les a écouté
s'exprimer.
The We and
the I est un film puissant, une enquête pratiquement sociologique
sur la jeunesse des quartier défavorisés.
Ce que Michel Gondry fait avec la fabrique des films amateurs ( qui fait en ce moment le tour du monde), et ses films moins
commerciaux, est pour moi, ce que le cinéma contemporain devrait
être: décrire la vraie vie comme elle est, avec ses incohérences
de scénario, son manque de rythme, et devrait laisser à ceux qui
sont condamné au silence dans les médias, l'opportunité de
s'exprimer. The We and the I est pour moi jusqu'à maintenant
l'oeuvre la plus forte de Gondry, il faut absolument aller le voir!
The screening:
When my
friend Emilie who's a painter, asked me by text if I wanted to see
The We and the I,
I immediately said YES. First because I am always extremely curious
about Michel Gondry's new opuses especially the less commercials, and
then I really wanted to see this film. So it didn't scare we away
when she told me that the projection would be in a hot suburb, I
thought it was logical for a film shot in the Bronx to be shown in a
generally feared suburb.
At the entrance of the movie house the organisation was slightly
shambolic, youth wanted to see the film without invitation, and the
lady at the desk said disappointedly « For once that you're
interested about what is going on here, we're fully booked »
and the kids with all the attitude they had « But that's our
home! ». This cinema in the middle of a difficult
neighbourhood, is not an island and tries to attract the inhabitants
in its walls.
So
we went into the room, installed ourselves, and then Michel Gondry
showed up to present film. I didn't know for sure that he would come,
Emilie kept me in the dark. He was not at all the Gondry I am used to
in interviews (very calm and put together): he was extremely
enthusiastic, joyful and crazy. He explained that he wanted to
present the film outside of Paris, in the suburbs. In France poor
people live in the suburbs while in USA they live inside the cities
centers but they have the same difficulties to access culture, social
status... He was very pedagogic to explain who he was to those kids
who eventually joined the audience.
To affirm his street credibility
he reminded them that he's the one who did IAM's
video clip of Je danse le MIA
(French Hip Hop), that he also comes from the suburbs, even though
his was a quiet one, but that his band OUI OUI
to answer to NTM 93 (
hip hop band, NTM means Fuck Your Mum, 93 is the number of the
district they come from) they called themselves ETM 78 ( Fuck your
mum in the ass) 78 is for Versailles.
That
was fun and refreshing to hear an uncensored speech! When I learned
through the playlist
that Gondry was shooting L'Ecume des jours
with Audrey Tautou,
Gad Elmaleh and
Romain Duris (
Bankable but boring actors) I was very disappointed, and doubted his
artistic credibility but Friday he said ( literal translation)
« They're shitting my balls». Sorry for those shocked by
strong language!
The
film:
A small sound-system bus is travelling into the street of New York.
That's the last day of school, the pupils are leaving, and they're
going to check out their mobile phone that were kept in the local
grocery shop for one dollar a day. Teresa wearing a blond wig waits
for the bus. Then it arrives and the kid take their places in it to
play their parts in the theatre of life.
The We and the I
observes the difference between the teenagers social and intimate
behaviour (that's where the title comes from). The bus'route is long
enough for us to really get to know all of them and surpass the first
impression. Everyone who has taken public transportation has been a
witness to groups of teenagers misbehaving, that is, I would say, a
show that we can witness every week day, but we never get to find out
more about them when they act like clichés with attitude. And that's
what Gondry did, he gave us access to the persons not the parts, and
this way gave us a new way of perceiving what is going on in life.
This film is
fantastic and rich, I could not start to describe all the wonders in
it and the reason why it is so interesting is that we're not
confronted to characters, the kids are not professional actors, they
are not playing parts, they are being themselves and telling their
own story. Gondry met the kids, in
a social centre named The Point which gives them the opportunity to make art, and also learn activism. He listened to their stories and worked three years with
them. Like in The Thorn in the Heart, Gondry
does not fear to show the good and bad sides of his characters, he
takes everything from reality and does not try to bend life to the
structure of a film.
What Michel Gondry is doing with the amateur film factory
(which is travelling all around the world), and his non commercial
films is to me, what cinema should really be about: depicting real
life as it is, with its script incoherences, its lack of rhythm, and
let those who never have the opportunity, express themselves. The
We and the I is to me until now the strongest work of Gondry,
it's an absolute must seen!
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