What
worth a society which separates those who love each other from one
another, whether they're young or old?
Make
way for tomorrow is a unique film which was the favourite of
his author and was beloved by his fellow filmmakers, artists such as
Jean Renoir or John Ford...
It
was a huge commercial failure but for those who have eyes this film
is a masterpiece, in the classical sense that it is perfectly made
(in a way that perfection has rarely reached), and in the artistic
sense that this film has a soul, that it will touch you to the core
and that you will never forget it.
The
subject of this film touches us all because it has to do with love,
family, society and money. Our two witty characters have never been
rich but have always loved one another when the whim of men decides
that for stupid economical reasons they'll have to live apart in
places where they don't fit, and where their personalities are not
enjoyed.
Beulah
Bondi and Victor Moore are magnificent of simplicity and
perfection, they are the characters, we can feel behind them the
fifty years of marriage, of hard time and beautiful times, and how
they enjoyed each other through all the ordeals.
How
many film have elders as main characters? yes the Ozu's, Make
way for Tomorrow inspired Tokyo Story, there's
also Cocoon, what else? It's surprising that in 2012
when an important part of our populations is aged that most of the
films are still just about young people and teenagers not respecting
the demography and not helping individuals to cope with the fact that
we'll all get old.
Without
breaking the story there are a few scenes and instants from this film
that I will never forget:
Living
with his daughter Bark (Victor Moore) made a friend in Max Rubens
(Maurice Moscovitch who played in Charles Chaplin's
Great Dictator). Both philosophise about children's
ungreatfulness and have fun observing life and being naughty.
The
scene where Bark asks Max to read Lucie's letter to him should be
shown to anyone who wants to be a filmmaker to learn how to mix
subtely humour and pain, to deliver a message without any
obviousness, and to display what acting at its momentum is .
I
also love when Victor and Lucy watch in a shop window an
advertissement saying “ Save while your young” and Bark laughs
and says something like “ they should have informed us earlier”.
I
love Bark and Lucy because they're like La Fontaine's Grasshopper.
They didn't save and they enjoyed their life.
My
favourite moment is when they're having dinner in the hotel where
they spent their honey moon, and are about to kiss after saying the
nicest things to each other but stop because we are there and they
don't want to display elderly love. There is nothing that I love more
in films than when the part of voyeur is denied to the viewer, and
when he/she, from that learns that the characters have an intimacy
and secrets that he/she will never get to know, that reinforces the
sense of reality and the illusion of the existence of the characters.
I
loved watching this film though I spent it silently crying. It was
made in 1937 but it hasn't aged at all, and we can all recognise
situations that we have witnessed, but it is never demonstrative or
cheesy. Make Way for Tomorrow is as classy as can be.
It has a masochistic Andersen's quality and demonstrates going
through our hearts not our brains the absurdity of the way society
handles individuals' fates.
VERSION FRANçAISE
Quelle
est la valeur d'une société qui sépare deux être qui s'aiment,
qu'ils soient jeunes ou vieux?
Place
aux jeunes est un film unique qui était le favori de son
auteur, et le préféré de ses collègues, des artistes tels que
Jean Renoir ou John Ford...
Ce
film subit un échec commercial retentissant mais pour ceux qui ont
des yeux c'est un chef d'oeuvre, au sens classique car il est parfait
techniquement ( d'une perfection qui a rarement été atteinte) et au
sens artistique car il a une âme, qu'il vous atteindra aux tripes en
douceur et que jamais vous ne l'oublierez.
Le
sujet de cet opus nous touche tous parce qu'il a à voir avec
l'amour, la famille, la société et l'argent. Nos deux héros n'ont
jamais été riches mais ce sont toujours aimés lorsqu'un jour le
caprice des hommes et une crise économique décident qu'ils doivent
vivre loin l'un de l'autre, là où ils n'ont pas leur place, là où
personne n'apprécie leur personnalités.
Beulah
Bondi et Victor Moore sont magnifiques de simplicité et
de perfection, ils sont les personnages, on sent derrière eux les
cinquante années de mariage, de jours difficiles et de jours
heureux, on sent à quel point ils se sont appréciés, à quel point
ils se connaissent, comme il est rare et précieux de connaitre
quelqu'un.
Combien
de films ont des personnes âgées comme personnages principaux? Oui
les Ozu, Place aux jeunes a inspiré Conte
de Tokyo, il y a Cocoon, le vulgaire Tatie
Danielle, et puis? Il est étonnant qu'en 2012 alors que les
3ieme et 4ieme age sont une part importante de la société qu'on ne
leur consacre pas plus de fictions, alors que de toute évidence nous
allons tous vieillir et que le cinéma nous permet aussi d'envisager
et de questionner la situation.
Sans
vous raconter l'histoire il y a quelques scènes et instants dans ce
film que je n'oublierais jamais et je veux vous les dépeindre:
Bark
(Victor Moore) vit chez sa fille et est devenu ami avec Max Rubens
l'épicier juif ( joué par Maurice Moscovitch un des
magnifiques voisins dans le Dictateur de Charles
Chaplin). Tous deux philosophent avec humour sur les écarts de
génération et l'ingratitude des enfants, ils observent la vie qui
suis son cours avec leurs regards coquins et amusés.
La
scène où Bark demande à Maurice de lui lire la lettre de Lucie
parce que ses lunettes sont cassées devrait être montrée à tous
ceux qui veulent devenir cinéastes. C'est une merveilleuse occasion
de voir une scène construite avec une intelligence et une beauté
profonde qui mélange subtilement l'humour à la douleur et nous
montre des acteurs à leur summum.
J'aime
aussi lorsque Bark et Lucy voit dans une vitrine une publicité qui
dit « économisez tant que vous êtes jeune » et Bark rit
sur lui-même et dit « Ils auraient dû nous en informer plus
tôt! »
D'ailleurs
j'aime Lucy et Bark parce qu'il sont comme la cigale dans la fable de
La Fontaine. Ils n'ont pas économisé mais ils ont profité
de leur vie.
Mon
moment préféré est lorsqu'ils ont fini leur diner dans l'hôtel où
cinquante ans plus tôt ils ont passé leur lune de miel. Ils sont
sur le point de s'embrasser après s'être dit les choses les plus
adorables du monde, lorsqu'ils prennent conscience qu'on les regarde,
où qu'on peut les regarder, nous les spectateurs et les autres, les
gens du restaurant. Il n'y a rien que j'aime plus dans un film que
lorsqu'on refuse au spectateur le rôle de voyeur qu'il prend
naturellement, qu'on lui laisse juste entendre qu'on lui cache des
choses et qu'il ne sait pas tout, cela renforce le sens de l'intimité
et de l'existence des personnages.
J'ai
adoré regarder ce film même si je l'ai passé à pleurer. Il est
sortie en 1937 mais n'a pas vieilli du tout et on peut tous y
reconnaître des situations dont on a été témoins. Pourtant cet
opus n'est jamais démonstratif, sirupeux ou vulgaire. Place
aux jeunes est aussi élégant que possible. Le regarder
procède du même plaisir masochiste qu'on a à visionner certains
film d'Ozu ou à relire un conte d'Andersen et il
démontre en passant par nos coeurs et sans s'occuper de nos cerveaux
l'absurdité avec laquelle la société gère parfois les destins
individuels.
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