ENGLISH VERSION COMES AFTER THE FRENCH ONE
Face
à la page blanche lumineuse de mon macbook blanc je repense à Hall
Baltimore (Val Kilmer) devant le sien avec sa bouteille de whisky et
dont l'écriture se délite en même temps que le niveau de sa
bouteille descend. Cette scène m'a fait penser à la fausse pub des
nuls « bruckler »(ce qui m'a beaucoup fait rire).
Vous
vous doutez bien que si j'écris sur Twixt c'est parce que j'ai
adoré. Pour moi ce film
est une exploration de la créativité.(twixt est en fait une sorte version argotique de between: entre)
Pour
moi le pitch de Twixt est: une histoire extraordinaire est offerte,
presque sur un plateau à un écrivain médiocre, sa psyché la
traite avec brio, mais son rendu sur le papier (objectivé pour nous
sur l'écran) sera grand guignolesque.
Toute
l'histoire de Twixt est celle de la création et de sa difficulté
première: traduire une sensation d'histoire (constellation d'idées,
d'ébauches, inspiration non encore clarifiée en langage), convertir
une vision mutlisensuelle, multiémotionnelle et sous-jacente en un
courant linéaire de mots entrant dans un format littéraire.
Hall
Baltimore, Stephen King de solderie, vient promouvoir son dernier
livre dans une vallée oubliée de l'Amérique. La seule personne à
lui demander un autographe est le vieux Shérif Bobby La Grange, qui
veut l'intéresser au meurtre par pieu d'une jeune adolescente. Le
vieil homme veut écrire le livre avec Hall. La petite ville a ses
mystères : un massacre dans les années 50, Un Beffroi à 7 horloges
donnant toutes une heure différente, et eut comme invité de marque
Edgar Allan Poe. Bientôt pour Hall le rêve se mêle à la réalité,
et une jeune fille, Virginia, 12 ans en faisant 13 vient le hanter,
Poe devient son totem, il le guide dans l'histoire de l'assassinat,
les méthodes d'écriture et l'ouverture de sa propre psyché.
L'esthétique
du film est très travaillée, les rêves sont en noir et blanc façon nuit américaine, avec des éclats de rouges par moment, avec
lune, étoiles et forêt de conte de fée. Cette nuit fait écho à
celle d'un des films les plus beau du monde: La Nuit du Chasseur, qui
partage avec Twixt cette ambiance magique, le thème de la protection
et de l'assassinat des enfants et celui du fou religieux qui voit la
sexualité, le mal partout.
Twixt est donc résolument post moderne, et en voyant la petite Elle Fanning qui dit qu'elle a douze ans mais en fait treize je pense aussi à Lolita (plus cette fois au roman de Nabokov qu'à l'adaptation de Kubrick, car elle n'est pas ici provocatrice mais victime).
Twixt est donc résolument post moderne, et en voyant la petite Elle Fanning qui dit qu'elle a douze ans mais en fait treize je pense aussi à Lolita (plus cette fois au roman de Nabokov qu'à l'adaptation de Kubrick, car elle n'est pas ici provocatrice mais victime).
Le côté malsain que porte aussi Edgar
Poe dans cet amour de la mélancolie et celui très décadent romantique de la petite fille Virginia (qui fût sa muse) est
contrebalancé par l'amour paternel et absolument pas ambiguë de
Hall Baltimore qui a perdu sa fille du même âge et se rend à peine
compte que c'est en fait sur elle qu'il veut écrire, et que c'est
d'elle dont il rêve.
Les vampires sont une critique de l'effet de mode,
l'opportunité pour le shérif et l'éditeur de gagner or et
célébrité, ils sont aussi l'excuse pour ne pas regarder les choses en
face: le monde dans toute sa bêtise perverse, sa peur de la
sexualité.
Ce
qui me passionne dans Twixt c'est que non seulement ce film raconte
une histoire extrêmement émouvante mais qu'il s'explore en même temps, proposant mille
entrées et n'essayant pas malgré tout de séduire le spectateur. Je
pense que toute personne qui créer doit le voir, c'est un film
magnifique!
In
front of the luminous white page of my white macbook, I am thinking
of Hall Baltimore ( Val Kilmer) in front of his, with his bottle of
whisky and his style which is disintegrating while the level of the
liquid in the bottle is subsiding.
You
can easily guess that if I am writing about Twixt, it is because I
loved it. I haven't read yet any interviews of Francis Ford Coppola
about this opus, but in
my opinion this film is an exploration of what creativity is.
To
me Twixt could be summed up this way: an extraordinary tale is
offered to a mediocre writer, his psyche treats it brilliantly, but
the result as an opus will be absurdly gory and beside the point.
The
outline of Twixt is the path of creation and its inbuilt difficulty
of converting a rustling of inspiration, a constellation of vague
ideas not yet clarified into language, of translating a
multi-sensual, multi-emotional and underlying vision into a straight
stream of words, into a literary format.
Hall
Baltimore, a « bargain basement » Stephen King, is
promoting his latest book in a forgotten American valley. The only
person asking him for an autograph is the old sheriff Bobby La
Grange, who wants to get Baltimore's attention on the murder of young
girl who was found with a stake in her heart. The old man longs to
write a novel with Hall. The small city has its mysteries: a mass
murder in the fifties, a belfry with seven clocks (none giving the
right time), and had as a guest Edgar Allan Poe. Soon for Hall dreams
get mixed up with reality, and a young girl, Virginia, twelve looking
thirteen comes to haunt him, Poe becomes his totem guiding him
through the story of V's murder, writing methods and to opening up to
his own psyche.
The
aesthetics of this film are very elaborate: the dreams are in black
and white, filmed in day for night, with sparkles of red. The Moon,
the stars, and the forest are fairytale like. And this magical night
echoes the one from one of the most beautiful film ever made: The
Night of The Hunter, which shares with Twixt the themes of protecting
and murdering children, and of mad religious man who sees evil and
sex everywhere.
Twixt
is very post-modern, and seeing young Elle Fanning, it's hard not to
think of Lolita (Nabokov's not Kubrick's because here she's the real
victim). The morbid side also held by the character of Poe ( Ben
Chaplin) with his love of melancholic and of the 13 years old
Virginia (his muse) is counterbalanced by the fatherly and non
ambiguous love of Hall who lost his teenage daughter in a violent
accident and is not really aware that it's in fact on her that he
wants to write, and that it's about her that he is dreaming.
The
fake vampire story is a critic of how society handles youth, it's the
opportunity for the sheriff and the publisher to earn gold and
celebrity. They are an excuse not to look at thing straightforwardly:
the world in its perverse stupidity and its fear of sex.
What
fascinates me in Twixt is that this film not only tells a very moving story but
in the same time explores its narrative mechanisms, offering a thousand keys, without
trying to seduce the viewers. I do think that anyone interested in
creation should see Twixt, it's a marvellous film.
3 comments:
Belle critique que voilà ! J'aime beaucoup les liens que vous faites avec d'autres oeuvres majeures.
Sinon rien à voir mais j'aime beaucoup le fait que votre blog soit bilingue vu que je suis moi-même angliciste. Bonne continuation et merci pour le commentaire ! :)
Merci Erin :)
N'est-ce pas dans l'ordre des choses, pour ne pas dire La Nature, que les proies prennent peur de tout, à commencer par ces ombres, les leurs, dans lesquelles nichent leurs pulsions et leurs instincts ?
C'est après avoir entendu des "critiques" jugeant Coppola sénile que j'ai eu envie de donner mon avis. Ce film est comme une source offrant une saveur différente à chaque visite.
Bravo pour votre blog !
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