Grey Gardens est un documentaire des frères Maysles qui ne prend par parti et ne juge pas les personnages qu'il filme. Il nous présente Edith Bouvier-Beale, et sa fille Edith Beale, deux socialites recluses dans les Hamptons, tante et cousine de Jackie O.
Big Edie, la mère avant
de se marier avait entamé une carrière de chanteuse, lorsqu'elle a
épousé Mr Beale et eut trois enfants avec lui, elle n'a pas pour
autant cessé de chanter et de faire ce qu'elle voulait. Son mari peu
fan du côté bohème de son épouse, l'a donc laissée à son amant,
lui donnant de l'argent de poche qui ne lui permettait pas
d'entretenir la grande maison de Grey Gardens. C'est lorsqu'elle a
été quittée par son amant que Big Edie a fait en sorte que Little
Edie vienne la rejoindre.
Little Edie quand elle était mannequin |
En 1971/2 les voisins se
sont plaints de l'état sanitaire de la maison. Big Edie et Little
Edie vivaient sans eau, ni chauffage, ni électricité, elles
nourrissaient des chats et un raton laveur, et accumulaient des
milliers de détritus car comme disait little Edie « C'est
incroyable dans une ville républicaine, il faut payer pour qu'on
vienne chercher vos ordures ». En jouant de leur image
d'artistes et de socialites déchues Big et little Edie ont réussi à
attirer l'attention des médias, et Jackie O est venue à la
rescousse.
Le documentaire ne
fait que survoler toutes ces occurrences et nous donne le loisir de
faire la connaissance de ces deux femmes bohèmes s'il en est.
La première chose qui
est frappante c'est à quel point ce dénuement ne les affecte pas
moralement, Little Edie a beau dire qu'elle déteste la campagne et
qu'elle veut retourner à New York elle semble, malgré tout, avoir
trouvé un équilibre auprès de sa mère. Il est fascinant
qu'une telle situation ne soit pas glauque, parce que ces deux femmes
qui avec leurs accents du sud pourraient être des personnages de
Tennessee Williams, ne semblent pas être conscientes de l'état de
décadence de leur maison et de leur vie.
Little Edie le dit très
justement, elle a quand même 56 ans, que dans cette maison elle
ne se voit pas comme une femme mais une petite fille. Et elle se
déguise, porte une attention minutieuse à ses tenues, et protège
toujours ses cheveux sous, soit, un pull entouré comme une écharpe
ou un foulard. Big Edie non plus n'est pas plus émue que ça par sa
situation, elle parle du passé comme si c'était hier, mais ne
regrette rien. Que les chats aillent faire leurs besoins derrière
son portrait l'amuse « c'est une terre consacrée »dit-elle.
Elle est pauvre mais elle fait ce qu'elle veut. Big et little Edie
jouent au même jeu, elles ne sont pas folles mais ne cherchent pas à
voir le réel autrement que par le prisme de leur fantaisie. À 79
et 56 ans elles jouent encore, elles mangent ce qu'elles veulent,
principalement des glaces et du pâté, écoutent des disques,
chantent et dansent.
C'est un documentaire
tout à fait passionnant à regarder, qui présentent des personnages
hors du commun et extraordinaire. Si little Edie est parfois en
colère contre sa mère ou nostalgique de ce qu'elle aurait pu faire,
on sent bien qu'elle n'a été retenue que par amour, que c'est
l'amour pour cette mère et pour cette relation de jeu, de danses et
de chants qu'elles ont et qui est unique, qu'elle est restée. Grâce
à ce film on peu imaginer ce que l'on serait devenu si on n'avait
pas laissé derrière nous l'irraisonnable folie de l'enfance. Au
final le portrait n'est pas si effrayant que ça. Little Edie
ressasse souvent cette envie de partir mais ajoute, et pour moi ça
explique beaucoup, qu'elle ne voudrait pas que sa mère meurt car
elle est « too much fun ». Little et Big Edie se sont
toujours mises en scène, ce qu'elles ont attendu toute leur vie
c'était quelqu'un pour venir les filmer et ce furent les frères
Maysles.
English version
Grey
Gardens is a documentary which was made by the brothers
Maysles. It doesn't judge the filmed characters and let us
discover their personalities. Here, they are:Edith Bouvier Beale
and her daughter Edith Beale, two reclusive socialites, living
in a devastated house in East Hampton, aunt and cousin of Jackie
O.Big Edie on her wedding day |
Big Edie,
the mother, before getting married had started a singer career, when
she married Mr Beale and had three children with him, she didn't
cease performing even though it was at home and with friends. Her
husband didn't like to have a bohemian wife, and left her with her
lover, with a small monthly allowance that didn't allow her to keep
the house in a good state. That's when her lover left her that she
did everything she could to bring little Edie back.
Little Edie in her youth |
In 1971/72 the neighbours complained about the sanitary state of the house.
Big Edie and Little Edie lived without water, nor heater, nor
electricity, they fed cats and a racoon, and accumulated litter,
because as Little Edie said « in a republican city you have to
pay to have your own waste taken ». Playing with their artistic
and socialite background they succeeded attracting media attention,
and Jackie O came to rescue them.
Little Edie
express it very clearly, that even though she's 56 years old, that
in this house she doesn't see herself as a woman but as a little
girl. And she dresses up, protect her hair with scarfs or
sweaters. Big Edie isn't moved either by her situation, she talks
about the past without any bitterness, and doesn't regret anything.
She does not care that the cats are peeing behind her portrait.
She laughs saying that it's « consecrated land ».
She is poor but does what she wants.
Big and
little Edie play the same game, they're not crazy but they don't try
to see the real any other way than through the prism of their
fantasy. At 79 an 56 they still play, mainly eat pâté and ice
cream, listen to music, sing and dance.
This
documentary is fascinating to watch because of these amazing
characters, bigger than life. And if Little Edie is sometimes angry
against her mother, or nostalgic about what she could have done with
her life, it's clear that she was only retained by love, and that is
the love of and for this mother and for this relationship they had,
made of songs and dances, which is unique, that she stayed.
Grey
gardens gives an idea of what would become of us, if we
refused to grow up, and be sensible. And eventually the portrait is
not as scary as it could be. Little Edie might always think of
leaving the Hampton but she wouldn't like her mother to die « she's
too much fun ».
Theses
women have rehearsed their show for a long time, and what they've
been expecting all their lives was someone to film them, and those
persons were the Maysles brothers .
4 comments:
j'aime beaucoup ton point de vue et toues les illustrations qui donnent vie à ce documentaire.
Merci Bob Morane :)
J'ai enfin vu le docu qui est plus terrible que l'excellent téléfilm.
For the fan of Grey Garden, you have to see the first episode of Documentary Now Sandy Passage an hilarious parody of Grey Gardens http://www.ifc.com/documentary-now/videos/sandy-passage-pitter-patter
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