Thursday 26 April 2012

Twixt, Francis Ford Coppola


ENGLISH VERSION COMES AFTER THE FRENCH ONE
Face à la page blanche lumineuse de mon macbook blanc je repense à Hall Baltimore (Val Kilmer) devant le sien avec sa bouteille de whisky et dont l'écriture se délite en même temps que le niveau de sa bouteille descend. Cette scène m'a fait penser à la fausse pub des nuls « bruckler »(ce qui m'a beaucoup fait rire).
Vous vous doutez bien que si j'écris sur Twixt c'est parce que j'ai adoré. Pour moi ce film est une exploration de la créativité.(twixt est en fait une sorte version argotique de between: entre)
Pour moi le pitch de Twixt est: une histoire extraordinaire est offerte, presque sur un plateau à un écrivain médiocre, sa psyché la traite avec brio, mais son rendu sur le papier (objectivé pour nous sur l'écran) sera grand guignolesque.
Toute l'histoire de Twixt est celle de la création et de sa difficulté première: traduire une sensation d'histoire (constellation d'idées, d'ébauches, inspiration non encore clarifiée en langage), convertir une vision mutlisensuelle, multiémotionnelle et sous-jacente en un courant linéaire de mots entrant dans un format littéraire.
Hall Baltimore, Stephen King de solderie, vient promouvoir son dernier livre dans une vallée oubliée de l'Amérique. La seule personne à lui demander un autographe est le vieux Shérif Bobby La Grange, qui veut l'intéresser au meurtre par pieu d'une jeune adolescente. Le vieil homme veut écrire le livre avec Hall. La petite ville a ses mystères : un massacre dans les années 50, Un Beffroi à 7 horloges donnant toutes une heure différente, et eut comme invité de marque Edgar Allan Poe. Bientôt pour Hall le rêve se mêle à la réalité, et une jeune fille, Virginia, 12 ans en faisant 13 vient le hanter, Poe devient son totem, il le guide dans l'histoire de l'assassinat, les méthodes d'écriture et l'ouverture de sa propre psyché.
L'esthétique du film est très travaillée, les rêves sont en noir et blanc façon nuit américaine, avec des éclats de rouges par moment, avec lune, étoiles et forêt de conte de fée. Cette nuit fait écho à celle d'un des films les plus beau du monde: La Nuit du Chasseur, qui partage avec Twixt cette ambiance magique, le thème de la protection et de l'assassinat des enfants et celui du fou religieux qui voit la sexualité, le mal partout.
Twixt est donc résolument post moderne, et en voyant la petite Elle Fanning qui dit qu'elle a douze ans mais en fait treize je pense aussi à Lolita (plus cette fois au roman de Nabokov qu'à l'adaptation de Kubrick, car elle n'est pas ici provocatrice mais victime). 
Le côté malsain que porte aussi Edgar Poe dans cet amour de la mélancolie et celui  très décadent romantique de la petite fille Virginia (qui fût sa muse) est contrebalancé par l'amour paternel et absolument pas ambiguë de Hall Baltimore qui a perdu sa fille du même âge et se rend à peine compte que c'est en fait sur elle qu'il veut écrire, et que c'est d'elle dont il rêve. 
Les vampires sont  une critique de l'effet de mode, l'opportunité pour le shérif et l'éditeur de gagner or et célébrité, ils sont aussi l'excuse pour ne pas regarder les choses en face: le monde dans toute sa bêtise perverse, sa peur de la sexualité.

Ce qui me passionne dans Twixt c'est que non seulement ce film raconte une histoire extrêmement émouvante mais qu'il s'explore en même temps, proposant mille entrées et n'essayant pas malgré tout de séduire le spectateur. Je pense que toute personne qui créer doit le voir, c'est un film magnifique!
                   
In front of the luminous white page of my white macbook, I am thinking of Hall Baltimore ( Val Kilmer) in front of his, with his bottle of whisky and his style which is disintegrating while the level of the liquid in the bottle is subsiding.
You can easily guess that if I am writing about Twixt, it is because I loved it. I haven't read yet any interviews of Francis Ford Coppola about this opus, but in my opinion this film is an exploration of what creativity is.
To me Twixt could be summed up this way: an extraordinary tale is offered to a mediocre writer, his psyche treats it brilliantly, but the result as an opus will be absurdly gory and beside the point.
The outline of Twixt is the path of creation and its inbuilt difficulty of converting a rustling of inspiration, a constellation of vague ideas not yet clarified into language, of translating a multi-sensual, multi-emotional and underlying vision into a straight stream of words, into a literary format.
Hall Baltimore, a « bargain basement » Stephen King, is promoting his latest book in a forgotten American valley. The only person asking him for an autograph is the old sheriff Bobby La Grange, who wants to get Baltimore's attention on the murder of young girl who was found with a stake in her heart. The old man longs to write a novel with Hall. The small city has its mysteries: a mass murder in the fifties, a belfry with seven clocks (none giving the right time), and had as a guest Edgar Allan Poe. Soon for Hall dreams get mixed up with reality, and a young girl, Virginia, twelve looking thirteen comes to haunt him, Poe becomes his totem guiding him through the story of V's murder, writing methods and to opening up to his own psyche.
The aesthetics of this film are very elaborate: the dreams are in black and white, filmed in day for night, with sparkles of red. The Moon, the stars, and the forest are fairytale like. And this magical night echoes the one from one of the most beautiful film ever made: The Night of The Hunter, which shares with Twixt the themes of protecting and murdering children, and of mad religious man who sees evil and sex everywhere.
Twixt is very post-modern, and seeing young Elle Fanning, it's hard not to think of Lolita (Nabokov's not Kubrick's because here she's the real victim). The morbid side also held by the character of Poe ( Ben Chaplin) with his love of melancholic and of the 13 years old Virginia (his muse) is counterbalanced by the fatherly and non ambiguous love of Hall who lost his teenage daughter in a violent accident and is not really aware that it's in fact on her that he wants to write, and that it's about her that he is dreaming.
The fake vampire story is a critic of how society handles youth, it's the opportunity for the sheriff and the publisher to earn gold and celebrity. They are an excuse not to look at thing straightforwardly: the world in its perverse stupidity and its fear of sex.
What fascinates me in Twixt is that this film not only tells a very moving story but in the same time explores its narrative mechanisms, offering a thousand keys, without trying to seduce the viewers. I do think that anyone interested in creation should see Twixt, it's a marvellous film.
                     

3 comments:

Erin said...

Belle critique que voilà ! J'aime beaucoup les liens que vous faites avec d'autres oeuvres majeures.
Sinon rien à voir mais j'aime beaucoup le fait que votre blog soit bilingue vu que je suis moi-même angliciste. Bonne continuation et merci pour le commentaire ! :)

Enattendant said...

Merci Erin :)

Lee Rony said...

N'est-ce pas dans l'ordre des choses, pour ne pas dire La Nature, que les proies prennent peur de tout, à commencer par ces ombres, les leurs, dans lesquelles nichent leurs pulsions et leurs instincts ?
C'est après avoir entendu des "critiques" jugeant Coppola sénile que j'ai eu envie de donner mon avis. Ce film est comme une source offrant une saveur différente à chaque visite.

Bravo pour votre blog !

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