Ecrivant en état migraineux, je vous prie d'avance de bien vouloir excuser toute bizarrerie linguistique qui pourrait apparaître dans ce blog.
Aurore de www.cineaster.net croisée aujourd'hui à la sortie de Reposer sous la Mer, m'a demandée si le film Finlandais était la cause de mon état. Je tiens à innocenter le cinéma nordique qui n'a rien à voir avec l'état de vasoconstriction de mon cerveau.
Problèmes de projection deuxième épisode, ou comment la pellicule brûla sous nos yeux
On dirait que le destin désire me donner une leçon, me prouver que ma croisade perdue d'avance contre le numérique est idiote. Mais je ne fléchirais pas!
Pendant Reposer sous la Mer, l'image s'est coincée dans le projecteur et sous les yeux du public elle a commencé à se dégrader, à prendre feu. Je n'ai pas eu le temps de prendre une photo. C'est très bergmanien comme image, souvenez-vous dans Persona. Me vient une théorie: le fantôme de Bergman serait-il présent à CinéNordica et n'essaierait-il pas de transformer des films normaux en films d'avant-garde malgré eux?
Personnellement je ne suis pas du tout outrée par ces accidents, ils me fascinent, dans le sens où l'erreur crée l'anecdote et crée le récit.
Les films
Terriblement heureux de Henrik Ruben Genz
Cet opus raconte l'histoire d'un flic envoyé dans le fin fond du Danemark après une dangereuse perte de contrôle de soi. Ce lieu c'est un peu le far west danois, le shérif doit s'imposer, et seule compte la loi du plus fort.
Avec cette histoire adaptée d'un roman, le réalisateur aurait pu faire une fable sur la justice, mais finalement l'histoire reste au seul niveau du divertissement. Comme un téléfilm de France 3 qui aurait remplacé les bons sentiments par de la cruauté.
À la pause j'avais vraiment besoin d'un café mais il n'y en avait nulle part j'ai donc opté pour les réglisses salés... C'est le genre de goût étrange que j'aime assez...
Reposer sous la Mer de Lenka Hellstadt
Ida Dalh est maghrébine d'origine, mais finlandaise de culture. Elle a été adoptée lorsqu'elle avait trois ans, par une syndicaliste communiste célibataire: Kati. Elle n'arrive pas à trouver du travail et se remet d'une dépression nerveuse. Alors que sa mère ne trouve pas le moyen de lui apprendre qu'elle est cardiaque et risque de mourir bientôt. Ida décide d'aller vivre à Berlin.
Voici un film « coming of age », Ida va apprendre à vivre sa vie en Allemagne. Chose très étrange pour nous français, Ida trouve les allemands trop émotionnels et chaleureux et ça la fait flipper. Selon Ville, son professeur de plongée sous-marine, homosexuel la vie en Finlande c'est ne rien dire pendant 40 ans et monter se pendre au grenier... Sympa !
je n'ai pas été touchée par ce film à part par le personnage de la mère (Marja Packalen) qui est très émouvante. Ida reste froide et pour un film qui s'appelle « reposer sous le mer » et bien tout reste vraiment à la surface et les personnages n'arrivent pas à sortir de leur statut de clichés. Bref un autre film qui entre pour moi dans la catégorie téléfilm du samedi soir sur France 3.
Et j'ai hâte demain de voir à 15h La Faim adapté du roman de Hamsun.
The English version of this entry is just after the trailer.
Auguste, dramaturge de son état, fantasme encore la présence de son ex-femme, qui dit-il le visite parfois. Son rêve éveillé est interrompu par l'arrivée de Fanny, « la fille dans les étages » étudiante en droit qui s'occupe de son courrier. Il lui dit qu'il a des invités, et que s'il se fait trop chier il viendra la voir... Ainsi commence Le Mariage à trois, nouveau film de Jacques Doillon, mettant en scène le sublimissime Pascal Greggory.
Les invités sont les deux acteurs qui vont jouer sa pièce et leur metteur en scène. Cette rencontre qui devait porter des éclairages sur le texte d'Auguste est en fait une excuse pour son ex-femme Harriet ( formidable Julie Depardieu qui enfin a le droit de déployer toute sa féminité) de lui présenter l'homme qu'elle va épouser Théo ( classieux Louis Garrel) car elle espère les réunir dans un ménage à trois, à cinq... peu importe...
Si les premières 5 minutes m'ont légèrement désabusées, le reste du film est une envolée drôle, émotive et déchirée dans les tourments du désir , du jeu et de l'amour. Harriet dit que ses hommes sont « fous à aimer » et c'est bien de la douceur de leur folie dont il est question. Auguste après chaque révélation remonte dans les étages pour chercher le calme auprès de la jeune fille, le film est rythmé par cette montée dans les étages, et aussi comme dans un conte de printemps par les nombreuses echappées érotiques des personnages qui comme dans une spirale finissent par rencontrer les étages...
Prenez des personnages à priori cérébraux et laissez les être décérébré par la joie de vivre, le plaisir de réapprendre à aimer, et de céder toujours à la tentation. Le mariage à trois est brillant, il brille de milles feux. Comme c'est agréable de voir un film qui parle de l'amour sans morale et sans limitations, qui embrasse la folie d'aimer.
Je vois ici et là dans les critiques que je survole des allusions à Marivaux et à Bergman,je dis, pourquoi pas? Mais ce film, comme chaque oeuvre de Jacques Doillon reste un objet unique. D'abord parce qu'il laisse s'épanouir la poésie, la sensibilité et la fantaisie de Pascal Greggory, qui parade comme un coq immature montrant son corps parfait à son rival, puis remonte dans les étages pour réaliser qu'il a été ridicule et qu'il devrait s'excuser. Ensuite parce que son style d'écriture et ses enjeux sont profondément originaux. La présence de Greggory, tous ces discours sur l'amour, la maison à la campagne... font aussi beaucoup penser à Eric Rohmer pour qui l'on convoquait aussi très souvent le fantôme de Marivaux.
Récemment je me disais que les plus grand acteurs, sont ceux qui sont capables de montrer la dévastation de l'amour et du désir sur leur visage; la pâleur qui passe lorsque l'on va perdre l'objet de son admiration, ou la pâleur qui passe et la respiration qui s'arrête lorsqu'on va le gagner. Greggory est un virtuose car comme il dit dans le film « je suis un bon acteur, j'arrive à croire à ce que je dis ». Le regarder est comme disait Truffaut « une joie et une souffrance ». Il est probablement un des plus grands acteurs français et jamais il ne se commet dans les comédies stupides, son goût est impeccable.
Le mariage à trois est frais, puissant, émotionnel et drôle, comme il ne bénéficie pas de beaucoup de publicité je vous encourage à aller le voir!
Auguste, a play writer, fantasize the presence of his ex wife, when he hears the car of the girl in charge of his mail. He tells her, that some guest are about to come, and that when he'll be bored with them, he'll visit her. That's the way « Le marriage à trois », the new jacques Doillon's film begins , starring the sublime Pascal Greggory.
The guests are the two actors who are going to present his play and their director. This meeting which is supposed to enlighten the meaning of August's text, is in fact an excuse for Harriet (his ex-wife/actress, wonderful Julie Depardieu, finally having a part that assume her femininity)to make him meet her future husband, Theo (the very classy Louis Garrel), because she hopes to gather them in a wedding at 3, maybe 5 , maybe more...
If I felt quizzical during the first 5 minutes of the film, the rest of it swept me from my chair, in a funny, emotional and torn surge in the torments of desire, of game and of love. Harriet says that her men are « crazy to love » and this film is really about the softness of their madness. Each times something hurts Auguste, he goes upstairs to find the calm with Fanny ( the girl upstairs). The whole film is rythmed by these visits and like in a spring tale,also by the erotic episodes, games of desire and excitation. Like in a whirl those visits upstairs also become erotic...
Take characters who at first seem to be bergmanian brainiacs, and let them be decerebrated by the joy of life, the pleasure to learn to love again and to always embrace the temptation. Le mariage à trois is brilliant, it sparkles like a diamond, and it's wonderful to see a film that talks about love without limitations, deprivations, moral and which embraces the madness of loving.
Here and there in the critiques that I vaguely read, I saw Marivaux and Bergman, being mentioned, I say:why not? but this film like every opuses of Jacques Doillon is profoundly original, first because he gives an opportunity for Pascal Greggory's inner poetry , sensitivity and fantasy to blossom. It's hilarious to show him parading like an immature peacock, showing his perfect body to the man who stole his wife, and then realize , once upstairs, that he has been ridiculous and may present his excuses. Then because the style of the script, and the stakes of this story are truly originals.
Greggory's presence, the country house, the speeches about love... also make me think a lot of Eric Rohmer's work who was also very often accused of bringing back the delicate soul of Marivaux.
Not very long ago I was thinking (seeing Patrick Dempsey failing with that kind of emotion in Grey's anatomy)that the greatest male actors are those who are able to show the devastation love provokes in the character's soul on their face. The paleness that rises when they understand that they're loosing the object of their admiration, or the one which cut their breath, when they understand that they will earn it. Greggory is an emotional virtuoso, a stradivarius. Watching him play is like Truffaut used to say about love « altogether a Joy and a pain » . He's probably one of the greatest actors in France and probably in the world and his taste in films is almost impeccable.
Le mariage à trois is fresh, powerful, emotional and funny. I hope that it will travel the world and that you'll get a chance to see it!