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Friday, 26 March 2010

White Material



ENGLISH VERSION FOLLOWS THE FRENCH ONE

Le café est mûr et il faut le récolter, seulement voilà, le pays est en guerre civile et tout le monde fuit. Maria s’accroche à l’idée que si le café est récolté tout ira bien, qu’elle est aimée, bien intégrée et qu’on ne lui fera pas de mal, qu’une gentille engueulade sortira son fils de sa léthargie, Maria s’accroche a des idées pour continuer. Elle lutte sans jamais cesser de croire alors que le danger est entré dans sa maison en cachette. Le danger ce sont ces orphelins rebelles qui portent des armes et s’en servent.

Claire Denis filme les corps et l’Afrique avec une sensualité tactile, comme si l’on sentait la caresse du vent et la douceur des peaux. Elle filme la guerre et les meurtres comme les épisodes d’un conte cruel.

La situation est grave et seule Maria ne voit pas la réalité en face et veut être optimiste. Comme un personnage de tragédie, elle va jusqu’au bout de sa logique.probablement est elle aveuglée par l’amour qu’elle a pour son fils, ou sa croyance en l’être humain.


Ce film, sublime et bouleversant a le courage comme son personnage principal d’avancer, optimiste, dans un monde illogique et brutal, où les enfants restent beaux et innocents tout en portant des fusils. Ils ont toujours envie de gâteaux et de bonbons, et ils s’endorment comme les fils de l’ogre dans Le Petit Poucet tenant dans leurs bras des animaux en peluche. Claire Denis ne juge personne, que la beauté soit physique ou poétique, elle lui fait face et la filme.

Pour moi elle est un des rares cinéastes qui a à la fois le sens du récit mais aussi le talent extrême d’emmener le spectateur en terrain inconnu. Ces deux qualités sont rarement compatibles dans une même œuvre. Si cela fonctionne chez Claire Denis c’est parce qu’elle raconte avec l’image. Le récit se situe peu dans l’oralité, mais massivement dans les corps, dans l’action, dans la nature, dans l’organique filmé. Et quand on y pense au 21ieme siècle, alors qu’une majeure partie des spectateurs a intégré la grammaire du cinéma, celui-ci reste le plus souvent , dans sa forme, du théâtre filmé où la valeur de l’histoire se situe dans la qualité « littéraire » des dialogues. En utilisant les corps, en donnant une réalité tactile à l’image, Claire Denis fait naître chez le spectateur des émotions réelles qui viennent des tripes et non de l’intellect, elle nourrit l’âme de beauté et fait expérimenter les sensations plutôt que de les solliciter. La magnifique musique des Tindersticks créant la bande-son féerique et inquiétante de cette sensibilité à fleur d’image ;

C’est avec constance et force que ses films m’émeuvent et me bouleversent. Isabelle Huppert a appris pour celui-là à conduire une moto et un camion, elle a été ancrée dans le terrestre et son jeu s’en ressent merveilleusement. Peu de gens ont vu 35 rhums qui était lui aussi sublime, il serait dommage de rater un autre film de Claire Denis.



The coffee is ready to be harvested, but the country is in rebellion, civil war is striking, and everybody is running away. Maria is not giving up; she thinks that if the coffee is harvested, everything is going to be ok. She thinks that she’s loved, well integrated, and that if nicely shaken her son will get out of his lethargy, she’s holding on these ideas to go on. She fights to find help for the harvest, she thinks her home is safe but she’s not aware that the danger is already there. The danger materialized in those rebel orphans carrying weapons and using them.

Claire Denis films the bodies and Africa with a tactile sensuality; it feels as if we could feel the touch of the wind and the softness of the skins. She films the war and the murders like the episodes of a cruel fairy tale.

The situation is extremely dangerous and only Maria can’t see the truth and wants to be optimistic. Like a tragedy character, she follows her logic till the end. She’s probably blinded by the love she has for her son, or her belief in human beings.

This film, upsetting and sublime, has the courage , like his character, to go on optimistically, in a brutal and illogic world, where children stay beautiful and innocents even though they’re carrying weapons. They still want to be fed with cakes and candies, and they do fall asleep holding stuffed animals, like the sons and daughter of the Ogre in Little Thumb. Claire Denis doesn’t judge anyone, the beauty can be physical or poetic she will face it and film it.



To me she’s one of the rare filmmakers who altogether have extraordinary storytelling skills and the extreme talent of bringing the watchers in unknown territories. Those two qualities are rarely compatibles in one opus. If it works in Claire Denis’ opuses it’s because she tells stories with pictures, instinct and sensations. Her tales very scarcely use voices and explanations of any kinds, but bodies, natures, action… And when you think of the mass of fiction created in those 115 years of cinema, it’s almost paradoxical to think that most of the films are still judged by the “literary” quality of their dialogues and mostly are filmed theatre (the stage is just bigger and fancier ). Using the bodies, Claire Denis gives a tactile quality to the picture, she creates real emotions that come from the guts and not the intellect, she nourished the soul of beauty and makes us experiment sensations instead of sollicitating our mind. The beautiful music of the tindersticks creating the magical and eerie soundtrack needed to have this film sunk deeply in our skin.

It is with constancy and strength that her films are moving and upsetting me. Isabelle Huppert learnt for this one, to drive a motorcycle and a truck, she’s been anchored in the earthly world and her acting gets better from this, by that I mean that she doesn’t seem to act but to be. Very few people saw 35 shots of Rum which was also sublime, it would be very sad to miss another of Claire Denis’ films.




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Friday, 11 December 2009

THE LIMITS OF CONTROL JIM JARMUSCH





ENGLISH VERSION FOLLOWS THE FRENCH ONE!
Un tueur (Isaach de Bankole) vêtu de costumes de soie sauvage, suit les traces données par une mystérieuse organisation pour tuer un homme (The Man?*). Chaque personne qu’il rencontre durant son voyage échange avec lui une boite d’allumette contenant les informations dont il a besoin, et lui parle de son sujet favori, comme si avant qu’il atteigne sa victime il devait ingérer (comme les bouts de papier dans les boites d’allumettes) tout un bagage théorique sur la vie, l’art et son sens. Ce film est un voyage, un jeu d’imagination, une chasse aux trésors…

Concentré et plus qu’humain (ou moins, de façon éphémère) dans sa discipline de travail, notre tueur ne se détend jamais, ne dort pas et n’a pas de relations sexuelles. Sa discipline nous rappelle celle du samouraï dépeinte dans un autre film de Jarmusch : Ghost Dog. Lorsqu’il travaille tous ses sens et aussi son sens du goût sont hypersensibles pour détecter le moindre changement dans l’environnement et se débarrasser des éléments perturbateurs que sont les revolvers et les téléphones portables. Non seulement il est payé pour tuer un homme, mais aussi pour vivre un voyage initiatique. Ce voyage au lieu d’être focalisé sur la spiritualité, est concentré sur les arts (musique, peinture, cinéma) le sens de la vie de Bohème, les drogues hallucinogènes et enfin la Révolution, Révolution contre les forces qui oppressent l’imagination, Révolution contre les forces qui essayent de tuer la fantaisie et les rêves !

En regardant le film j’ai souvent pensé au bouquin de Paul Auster (La Cité de Verre) dans lequel un détective est payé par l’homme qu’il observe (si je me trompe sur l’histoire ne m’en veuillez pas j’ai lu ce livre il y a 1000 ans).
A chaque fois que notre assassin se déplace vers une nouvelle ville, la chambre où il vit est plus dénuée et l’environnement plus éloigné de la civilisation, plus lumineux et plus pure. Plus nous avançons dans l’histoire, plus le paysage devient lui aussi halluciné.
J’ai adoré ce film d’un bout à l’autre: la formidable musique de Boris ( qui rappelle le meilleur de My Bloody Valentine), l’histoire, le traitement visuel, l’humour, et le sens général de cette quête ont fait vibré toutes les cordes de mon être.

Très vite on comprend que l’organisation est plus métaphysique que criminelle, et la fantaisie (et les fantasmes), la sensibilité, la personnalité de chaque personne avec qui le tueur interagit est excitante et géniale.
Ce film est construit sur la répétition et la différenciation ; tout semble pareil, mais tout évolue, et si le rythme commence lentement comme celui d’un flamenco il va s’accélérer pour arriver à un sommet orgasmique.
Cette œuvre me fait aussi penser aux aventures de Corto Maltese lorsqu’elles deviennent abstraites, comme dans mon album favori Mü, où Corto parti à la recherche du continent perdu fini par explorer son propre inconscient. J’adore lorsque la géographie se mélange avec la conscience profonde des hommes.
Je suppose que tout le voyage est fait pour ouvrir l’esprit du tueur, pour lui permettre d’utiliser son “Imagination”!
Ce film me rappelle aussi les Cassavetes dans lesquels les meurtres et la Mafia font parti de l’histoire: Gloria et Meurtre d’un Bookmaker Chinois. Ces deux films, à un certain point, deviennent magiques et se dédouanent du réalisme : j’ai toujours été impressionnée par l’habileté avec laquelle Cosmo Vitelli mène le meurtre, et nous ne saurons jamais comment Gloria a fait pour échapper au piège de l’ascenseur.

The Limits of Control est construit et puissant, pour moi c’est le plus beau de tous les films de Jim Jarmusch . Je suppose que les gens qui ont quitté le cinéma, ou qui se sont ennuyés, aiment avoir une longueur d’avance sur le film qu’ils regardent (comme avec les blockbusters) ou bien ils sont incapables de se laisser porter par une fiction et un monde imaginatif qui n’est pas le leur… peut-être ! En tout cas, les gens qui ont aimés ce film, ont quittés le cinéma plus heureux que jamais.
J’ai vraiment apprécié la performance de tous les acteurs qui semblent s’être beaucoup amusés. J’ai particulièrement aimé les britannique Tilda Swinton en déesse kitsch du cinéma qui aime (comme moi) les vieux « très vieux films », ou John Hurt et sa voix de vieux dragon ( ;-)). Tous ces hommes et femmes de l’organisation viennent du monde entier, et ils semblent être comme les muses de l’antiquité : les protecteurs des arts.
Si ce que j’écris là vous a plus ou moins touché, allez absolument voir ce chef d’œuvre c’est pour moi le meilleur film de 2009 !

*The Man est une expression beaucoup utilisé dans le rock anglo-saxon pour parler de la société et de l’oppression en général « working for the man » c’est être l’esclave de la société !
A killer (Isaach de Bankole), dressed in wild silk suits, follows the tracks given by a mysterious organisation to kill a man (The Man?). Each person he meets en route exchange with him a matchbox containing the information he needs and tell him about his or her favourite subject, as if until he reach the man he has to eliminate, he had to learn about life and its meaning. It’s a road trip, a game of imagination, a treasure chase…
Focused and more/less human in his discipline of work our killer does not sleep or have sex. He reminds of us of the way of the samurai followed in Ghost Dog. While working, all his senses are akin to detect every changes in the environment and getting rid of disturbances like guns and mobile phones. He’s paid, not only to kill the man but also to have an initiatic journey. This journey instead of being focused on spirituality, is focused on arts (music, paint, cinema) the very meaning of bohemian life, hallucigenic drugs and finally Revolution, Revolution against the forces oppressing imagination, more than dull economic revolution. Revolution against the force which are trying to kill fantasy and dreams!
A Paul Auster’s influence crossed my mind, many times, with the way how the mission is constructed to also be a story.
Each time our killer move to another city and another room, this one become purer in terms of environment and more detached from life, the last one being covered by white sheet in the very luminous south of Spain. And also the further we go in the story the more hallucinated the landscape become.
I enjoyed every bits of this opus: the amazing music of Boris (reminding me of the best My Bloody valentine), the story, the visuals, the humour and the overall meaning.
Soon we get to understand that the organisation is more metaphysical than criminal and the fantasy, the richness of every person that interacts with our killer is exciting and fun.
The film is constructed on repetitions and differentiation, all seems the same, but everything keep changing like the rhythm of a flamenco, starting slow and then getting orgasmic.
It reminds me of the adventures of Corto Maltese when they become abstract like in my favourite album , where Corto was travelling to find a lost continent and ended up exploring is own subconscious, I love when geography mix up with the deep conscience of Men!
I guess that the whole journey is made to open the killer’s mind to make him able to use is Imagination!
This film also reminds me of the Cassavetes’ that involve the Mafia: Gloria and The Killing of a Chinese Bookie. Both at some point become magical in the way the character solve situation in impossible ways. I am always amazed at how Cosmo Vitelli is efficient in the murder, and we’ll never know how Gloria escaped from the elevator.
The Limits of Control is strong and beautiful, to me it’s the most amazing Jim Jarmusch’s and the strongest.
I guess that if people left the cinema or got bored it’s because they want to be ahead of the story like in a blockbuster, or that they’re unable to let themselves go in the fiction and imagination world which isn’t theirs… maybe! There is one thing I know the people who enjoyed it, left the cinema happier than ever!
I really enjoyed the performances of the actors who all had fun, especially the Brits Tilda Swinton as a kitsch cinema goddess who loves (like me) old “ very old films” or John Hurt with his great dragon’s voice (;-)). All those men and women of the organisation coming from all over the world are like the antic muses protecting the arts.
If anything I wrote touched you, don’t hesitate and go watch this master piece, to me it’s the best film of 2009!

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