Wednesday, 21 March 2012

Space Firebird, Phoenix l'oiseau de feu, Hi no tori 2772, Osamu Tezuka, 1980


            

 ENGLISH VERSION FOLLOWS THE FRENCH ONE

Cela fait un an que des catastrophes naturelles ont entrainé, au Japon, l'accident (les accidents) nucléaire de Fukushima. J'ai été choquée de lire il y a quelque jours sur le site d'un magazine que j'estime beaucoup ( the New Scientist), un article d'opinion instituant que les accidents de Fukushima et de Tchernobyl ne peuvent pas être comparés dans leur dangerosité. Cet article m'a semblé grandement irresponsable, l'auteur comparait des statistiques, or les ONG présentes à Fukushima le disent, le gouvernement japonais n'a pas pris ses responsabilités et continu de nier la catastrophe et de ne pas mesurer le taux réel de radioactivité des environs de la centrale. De nombreux reportages et notamment la magnifique série documentaire d'Arte Récits de Fukushima ( que vous pouvez regarder en cliquant ici) montrent que les japonnais s'ils veulent se protéger et protéger leurs enfants doivent se faire tester en secret ou s'acheter des compteurs Geiger, que la nourriture n'est pas tracée, et que mesurée en supermarché la radioactivité est très souvent supérieure au maximum endurable par un corps humain... Rie Inomata qui s'exprime dans le huitième épisode explique qu'avant la défaite de 1945, la nature étant considérée comme sacrée, elle était extrêmment respectée, cette connexion culturelle et très profonde s'est perdue sous la domination américaine.
                                                   
Je suis toujours surprise de voir à quel point le thème de la destruction de la Terre et du Japon sont présent dans la culture des animés et des mangas.
Phoenix, l'oiseau de feu a été produit en 1980, et fut à sa création le long métrage d'animation le plus cher du cinéma japonais. Inspiré par la série de manga du même nom, du même Osamu Tezuka, l'histoire, ici, se focalise sur la dernière partie de la série, celle qui se passe dans le future  (un avenir dans lequel on décide de la carrière d'un bébé selon son ADN) les humains creusent alors la Terre pour en tirer la toute dernière source d'énergie, tout en déniant sa mort à venir et omniprésente. Godo élevé pour devenir un pilote a pour mission de capturer le Phoenix, cet oiseau de feu qui renait de ses propres cendres et existe depuis la nuit des temps.

Il y a dans ce film beaucoup de thèmes classiques de la japanimation.

_l'amour entre robots et humains.
Dans la science fiction occidentale, les robots (les machines), ont tendance quand ils “s'humanisent” à se retourner contre leurs créateurs. Il y a toujours ( en Europe et aux états unis) une sorte d'angoisse liée à la technologie, la peur que nos créations nous assassinent: Frankenstein, 2001 l'Odyssée de l'espace, I Robot, Alien...(on peut excepter à cette règle le cas des enfants robots qui sont alors les héritiers du Pinocchio de Collodi : A.I., D.A.R.R.Y.L). Cette anxiété est probablement liée à la culpabilité chrétienne et au tabou de jouer avec la vie... le Japon a l'imagination technologique et morale beaucoup moins restreinte ( beaucoup moins complexée) on ne compte plus les mélanges entre humain et technologique, entre artificiel et organique. Me viennent à l'esprit Ghost in the Shell, Evangelion, Chobbit...
Dans Phoenix, l'oiseau de feu Olga, le robot nourrice a été la première présence a forme humaine dans la vie de Godo, et dès sa première scène elle est un personnage très chargé sexuellement: pour se transformer en moto de l'espace elle met ses jambes derrière ses oreilles, elle a des formes généreuses et se ballade tout le temps à moitié nue, elle semble présenter une infinité de capacités érotiques (qui ne sont bien sûre jamais explorées)... Elle s'enseigne à ressentir pour plaire à Godo.
                                              

-Une société de castes dans laquelle les humains ne sont que des instruments.
Godo et Rock ont été conçus in vitro, et leur chemin de vie a été déterminé par l'ADN. S'ils refusent d'obéir, ils deviendront, comme tous les rebelles, prisonniers des camps. Les camps sont dessinés comme une analogie de l'Enfer. Ils sont sous terre, et les prisonniers doivent récupérer de la lave. Godo y est envoyé parce qu'il est tombé amoureux d'une jeune femme de l'élite. Le film à ce moment-là devient similaire à ces péplums dans lesquels le héros tombé en disgrâce à cause de ses amours est envoyé aux galères, on sait très bien que c'est toujours à ce moment-là que la véritable aventure commence.


La destruction de la Terre.
Dans les bonus du DVD, un des collaborateurs de Tezuka explique que quand la nature est mise en scène dans ce film, elle est filmée en full animation ( 24 images par seconde) alors qu'on sait très bien que la marque de fabrique de Tezuka était pour qu'elle soit moins chère et viable d'utiliser moins d'images pour l'animation. Si vous connaissez l'univers du pape et père du manga moderne, vous savez tout comme moi à quel point Tezuka considérait que l'homme n'est qu'un élément de la nature, et que la vie d'un animal a autant de valeur que celle d'un humain... Miyazaki avec ses magnifiques contes écologique est dans la ligne directe de l'idéologie de Tezuka...Dans le monde dans lequel vit Godo, seul les sénateurs mangent des fruits et des légumes frais, les autres n'ont jamais vu une pomme ou un champignon comme on l'a dit la terre se meurt.
Lorsque cette destruction devient effective dans le film, c'est alors une symphonie terrifiante et magnifique, terrifiante parce qu'elle ressemble à ces images vues dans les actualités, et parce qu'il y a de fortes chances pour que de telles catastrophes arrivent par nos mains. Il y a tellement de mangas qui se passent avant, pendant ou après une catastrophe de ce type (Survivant, Melody of Oblivion, Akira...) qu'il est évident que c'est un thème qui travaille le Japon.
Bien entendu ce pays, a toujours existé sur un sol instable ( je me souviens, enfant, découvrir cette réalité en regardant la série Shogun). Le Japon est situé au croisement de plusieurs plaques tectoniques ( voir mon article sur The Sinking of Japan) et a toujours été habitué aux caprices de la nature. Bien entendu à cela est venu s'ajouter le “twist technologique” des bombes atomiques de Nagasaki et Hiroshima qui ont détruit les humains de manière encore plus vicieuse et étrange : voir les derniers films d'Akira Kurosawa : Rêves et Rapshodie en aout....
Phoenix, l'oiseau de feu se balade entre ces trois thèmes, avec quelques personnages comiques pour faire rire les enfants (plus les classiques héros de tezuka, professeur Moustache, Rock, Black jack...). Comme l'anneau des Nibelungens de Matsumoto ce film se rapproche beaucoup de l'opéra. Fait en 1980 il contenait déjà tous les thèmes que continuent d'explorer les artistes de l'animation japonaise contemporaine: l'écologie de Miyasaki y est déjà, les dictatures étranges vu dans Jin Roh, le travail d'Oshii...
Phoenix, l'oiseau de feu, est un classique, très beau et facile à aimer...


 

It's been a year now, since natural catastrophes in Japan lead to the nuclear accident of Fukushima. I was shocked a few days ago to read an opinion article on the New Scientist website, that mainly conveyed the idea that nothing really dangerous happened in Japan, and that the accident can't be compared with the 1986 explosion of the Chernobyl power plant. The mistake of the article writer was basically to compare numbers while it has been said many times that the government of Japan didn't release the real statistics of radioactive contamination. To know the truth people have to buy their own Geiger counter or to secretly be tested in facilities installed by associations. A beautiful ArteTv series of documentaries called “récits de Fukushima” taking the testimonies of individuals display another image of reality different from the one conveyed by governments and officials. Children can't play outside anymore, food is not traced and important amounts of radioactivity are found in supermarket storage....Rie Inomata who speaks in the eighth episode explains that Japan used to have a culture and a vision of the world extremely connected and respectful of Nature, and that it is under the domination of USA that they lost their connection with the environment.

I am always amazed to see how the topic of the destruction of the Earth and Japan is present in the manga and anime culture.
Phoenix 2772 was made in 1980 and was at the time of its creation the most expensive Japanese animation. Inspired by Osamu Tezuka's manga series, “phoenix”, the story focuses on the last part, where in the future,( while the babies' DNA decides what their career will be) humans are digging for the last breath of earth's energy denying its imminent death. Godo raised to be a pilot has as a mission to capture the phoenix, this magical eternal bird who when he dies is reborn from its own ashes.

There are many classic themes of Japanese animation in this film.
                                     
-Love between robots and humans.
In western science fiction, robots tend to turn against their masters when they are becoming emotional. There is always a sort of angst towards technology, the fear that our own creation could kill us: Frankenstein, 2001 space odyssey, I robot, Alien... ( we can except the cases of child robot like in AI and D.A.R.R.Y.L.) this anxiety probably comes from remains of Christianity and the taboo of creating life... Japan is much more open-minded about mixing technology and humanity, artificial and organic : Ghost in the Shell, Evangelion, Chobbit...
In Phoenix 2772 Olga the wet nurse robot is the first humanoid presence that Godo get connected with, and she appears first like a very sexual object: the way her legs go behind her ears to transform her into a space motorcycle, the way she's dressed that shows lots of skin... She teaches herself emotions to be able to please Godo, and Godo's wish will be to use the phoenix has a blue fairy and transform Olga/Pinocchio into a human being.
-A society of casts where human are only clogs.
Godo and Rock were conceived in vitro, and a path of life is chosen for every babies from their DNA. Then if they don't obey they'll be prisoners of the camp. The camp is drawn like an analogy of Hell. It's underground and the prisoners are dealing with lava. Godo is sent there because he fell in love with a girl from the elite. The dramaturgy gets really close to a peplum's: Godo seem to be sentenced to the galley and we know that is from there that his real adventures will start.
The Earth's destruction.
    In the extras of the dvd one of Tezuka's collaborator explains that it is only when nature is showed that Tezuka used full animation, when the characters were speaking he used this technique that made the Japanese animation efficient and cheap of not using 24 images per seconds. If you've read Tezuka's mangas, seen its TV series, and films you know what is ecological message was, he considered that humans and animals were equals and that life in all its forms was precious... Miyazaki has the same ecological ideology... In the world where Godo lives only the senate eats fresh food none of the others have heard of apples, and mushrooms.
    The animation of the Earth's destruction is a ten or twenty minutes symphony, altogether scary and beautiful. Mostly scary because there are chances that our planet will die under our hands. There are so many mangas which take place after/ during a massive destruction: Survivor, Melody of Oblivion, Evangelion, Akira...
    Of course Japan has always been on the junction of tectonic plates, and has been used for ever to nature's whims, to that was added the technological twist of the atomic bombs of Hiroshima and Nagasaki which destroyed humans in a more vicious and strange way: watch Kurosawa's Dream or Raspodhy in August...
Phoenix 2772 derive between those three themes, and comedic characters who are clearly present to make children laugh. Very operatic like Matsumoto's Ring of the Nibelungen. This film seemed in 1980 to contain the themes of the future of Japanese animation: the ecology of Miyazaki's opuses, the obsession of dictature painted in films like Jin Roh, Oshii's work...
Phoenix 2772 is a classic, beautiful and lovable...

2 comments:

Marin Mandir said...

Excellent review! Your observations were in-depth and very helpful.

Enattendant said...

thank you :)

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