ENGLISH VERSION FOLLOWS THE FRENCH ONE
Cela
fait un an que des catastrophes naturelles ont entrainé, au Japon,
l'accident (les accidents) nucléaire de Fukushima. J'ai été
choquée de lire il y a quelque jours sur le site d'un magazine que
j'estime beaucoup ( the New Scientist), un article
d'opinion instituant que les accidents de Fukushima et de Tchernobyl
ne peuvent pas être comparés dans leur dangerosité. Cet article
m'a semblé grandement irresponsable, l'auteur comparait des
statistiques, or les ONG présentes à Fukushima le disent, le
gouvernement japonais n'a pas pris ses responsabilités et continu de
nier la catastrophe et de ne pas mesurer le taux réel de
radioactivité des environs de la centrale. De nombreux reportages et
notamment la magnifique série documentaire d'Arte Récits de
Fukushima ( que vous pouvez regarder en cliquant ici)
montrent que les japonnais s'ils veulent se protéger et protéger
leurs enfants doivent se faire tester en secret ou s'acheter des
compteurs Geiger, que la nourriture n'est pas tracée, et que mesurée
en supermarché la radioactivité est très souvent supérieure au
maximum endurable par un corps humain... Rie Inomata qui
s'exprime dans le huitième épisode explique qu'avant la défaite de
1945, la nature étant considérée comme sacrée, elle était
extrêmment respectée, cette connexion culturelle et très profonde
s'est perdue sous la domination américaine.
Je
suis toujours surprise de voir à quel point le thème de la
destruction de la Terre et du Japon sont présent dans la culture des
animés et des mangas.
Phoenix,
l'oiseau de feu a été produit en 1980, et fut à sa
création le long métrage d'animation le plus cher du cinéma
japonais. Inspiré par la série de manga du même nom, du même
Osamu Tezuka, l'histoire, ici, se focalise sur la dernière
partie de la série, celle qui se passe dans le future (un avenir
dans lequel on décide de la carrière d'un bébé selon son ADN) les
humains creusent alors la Terre pour en tirer la toute dernière
source d'énergie, tout en déniant sa mort à venir et omniprésente.
Godo élevé pour devenir un pilote a pour mission de capturer
le Phoenix, cet oiseau de feu qui renait de ses propres cendres et
existe depuis la nuit des temps.
Il
y a dans ce film beaucoup de thèmes classiques de la japanimation.
_l'amour
entre robots et humains.
Dans
la science fiction occidentale, les robots (les machines), ont
tendance quand ils “s'humanisent” à se retourner contre leurs
créateurs. Il y a toujours (
en Europe et aux états unis) une sorte d'angoisse liée à la
technologie, la peur que nos créations nous assassinent:
Frankenstein,
2001 l'Odyssée de l'espace,
I Robot,
Alien...(on
peut excepter à cette règle le cas des enfants robots qui sont
alors les héritiers du Pinocchio
de Collodi : A.I.,
D.A.R.R.Y.L). Cette
anxiété est probablement liée à la culpabilité chrétienne et au
tabou de jouer avec la vie... le Japon a l'imagination technologique
et morale beaucoup moins restreinte ( beaucoup moins complexée) on
ne compte plus les mélanges entre humain et technologique, entre
artificiel et organique. Me viennent à l'esprit Ghost
in the Shell, Evangelion,
Chobbit...
Dans
Phoenix, l'oiseau de feu
Olga, le robot nourrice a été la première présence a forme
humaine dans la vie de Godo, et dès sa première scène elle est un
personnage très chargé sexuellement: pour
se transformer en moto de l'espace elle met ses jambes derrière ses
oreilles,
elle a des formes généreuses et se ballade tout le temps à moitié
nue, elle semble présenter une infinité de capacités érotiques
(qui ne sont bien sûre jamais explorées)... Elle s'enseigne à
ressentir pour plaire à Godo.
-Une
société de castes dans laquelle les humains ne sont que des
instruments.
Godo et Rock ont été conçus in
vitro, et leur chemin de vie a été déterminé par l'ADN. S'ils
refusent d'obéir, ils deviendront, comme tous les rebelles,
prisonniers des camps. Les camps sont dessinés comme une analogie de
l'Enfer. Ils sont sous terre, et les prisonniers doivent récupérer
de la lave. Godo y est envoyé parce qu'il est tombé amoureux d'une
jeune femme de l'élite. Le film à ce moment-là devient similaire à
ces péplums dans lesquels le héros tombé en disgrâce à cause
de ses amours est envoyé aux galères, on sait très bien que c'est
toujours à ce moment-là que la véritable aventure commence.
La destruction de la Terre.
Dans
les bonus du DVD, un des collaborateurs de Tezuka explique que quand
la nature est mise en
scène dans ce film, elle est filmée en full animation (
24 images par seconde) alors
qu'on sait très bien que la marque de fabrique de Tezuka était pour
qu'elle soit moins chère et viable d'utiliser moins d'images pour
l'animation. Si vous connaissez l'univers du pape et père du manga
moderne, vous savez tout comme moi à quel point Tezuka considérait
que l'homme n'est qu'un élément de la nature, et que la
vie d'un animal a autant de valeur que celle d'un humain...
Miyazaki avec ses
magnifiques contes écologique est dans la ligne directe de
l'idéologie de Tezuka...Dans le monde dans lequel vit
Godo, seul les sénateurs mangent des fruits et des légumes frais,
les autres n'ont jamais vu une pomme ou un champignon comme on l'a
dit la terre se meurt.
Lorsque cette destruction devient
effective dans le film, c'est
alors une symphonie terrifiante et magnifique, terrifiante parce
qu'elle ressemble à ces images vues dans les actualités, et parce
qu'il y a de fortes chances pour que de telles catastrophes arrivent
par nos mains. Il y a tellement de mangas qui se passent avant,
pendant ou après une catastrophe de ce type (Survivant,
Melody of Oblivion,
Akira...)
qu'il est évident que c'est un thème qui travaille le Japon.
Bien
entendu ce pays, a toujours existé sur un sol instable ( je me
souviens, enfant, découvrir cette réalité en regardant la série
Shogun).
Le Japon est situé au croisement de plusieurs plaques tectoniques (
voir mon article sur The Sinking of Japan)
et a toujours été habitué aux caprices de la nature. Bien entendu
à cela est venu s'ajouter le “twist technologique” des bombes
atomiques de Nagasaki
et Hiroshima
qui ont détruit les humains de manière encore plus vicieuse et
étrange : voir les derniers films d'Akira
Kurosawa
: Rêves
et Rapshodie en aout....
Phoenix,
l'oiseau de feu se balade entre ces trois thèmes, avec
quelques personnages comiques pour faire rire les enfants (plus les
classiques héros de tezuka, professeur Moustache, Rock, Black
jack...). Comme l'anneau des Nibelungens de Matsumoto
ce film se rapproche beaucoup de l'opéra. Fait en 1980 il
contenait déjà tous les thèmes que continuent d'explorer les
artistes de l'animation japonaise contemporaine: l'écologie de
Miyasaki y est déjà, les dictatures étranges vu dans Jin
Roh, le travail d'Oshii...
Phoenix, l'oiseau de feu,
est un classique, très beau et facile à aimer...
It's
been a year now, since natural catastrophes in Japan lead to the
nuclear accident of Fukushima. I was shocked a few days ago to
read an opinion article on the New Scientist website,
that mainly conveyed the idea that nothing really dangerous happened
in Japan, and that the accident can't be compared with the 1986
explosion of the Chernobyl power plant. The mistake of the
article writer was basically to compare numbers while it has been
said many times that the government of Japan didn't release the real
statistics of radioactive contamination. To know the truth people
have to buy their own Geiger counter or to secretly be tested in
facilities installed by associations. A beautiful ArteTv series of
documentaries called “récits de Fukushima” taking
the testimonies of individuals display another image of reality
different from the one conveyed by governments and officials.
Children can't play outside anymore, food is not traced and
important amounts of radioactivity are found in supermarket
storage....Rie Inomata who speaks in the eighth episode
explains that Japan used to have a culture and a vision of the
world extremely connected and respectful of Nature, and that it
is under the domination of USA that they lost their connection with
the environment.
I
am always amazed to see how the topic of the destruction of the Earth
and Japan is present in the manga and anime culture.
Phoenix
2772 was made in 1980 and was at the time of its creation the
most expensive Japanese animation. Inspired by Osamu Tezuka's
manga series, “phoenix”, the story focuses on the last part,
where in the future,( while the babies' DNA decides what their
career will be) humans are digging for the last breath of earth's
energy denying its imminent death. Godo raised to be a
pilot has as a mission to capture the phoenix, this magical eternal
bird who when he dies is reborn from its own ashes.
There
are many classic themes of Japanese animation in this film.
-Love
between robots and humans.
In
western science fiction, robots tend to turn against their masters
when they are becoming emotional. There is always a sort of angst
towards technology, the fear that our own creation could kill us:
Frankenstein, 2001 space odyssey, I
robot, Alien... ( we can except the cases of
child robot like in AI and D.A.R.R.Y.L.)
this anxiety probably comes from remains of Christianity and the
taboo of creating life... Japan
is much more open-minded about mixing technology and humanity,
artificial and organic : Ghost in the Shell,
Evangelion, Chobbit...
In
Phoenix 2772 Olga the wet nurse robot is the first
humanoid presence that Godo get connected with, and she appears
first like a very sexual object: the way her legs go behind
her ears to transform her into a space motorcycle, the way she's
dressed that shows lots of skin... She teaches herself emotions to be
able to please Godo, and Godo's wish will be to use the phoenix has a
blue fairy and transform Olga/Pinocchio into a human being.
-A
society of casts where human are only clogs.
Godo
and Rock were conceived in vitro, and a path of life is chosen for
every babies from their DNA. Then if they don't obey they'll be
prisoners of the camp. The camp is drawn like an analogy of Hell.
It's underground and the prisoners are dealing with lava. Godo is
sent there because he fell in love with a girl from the elite. The
dramaturgy gets really close to a peplum's: Godo seem to be sentenced
to the galley and we know that is from there that his real adventures
will start.
In
the extras of the dvd one of Tezuka's collaborator explains that it
is only when nature is showed that Tezuka used full animation,
when the characters were speaking he used this technique that made
the Japanese animation efficient and cheap of not using 24 images
per seconds. If you've read Tezuka's mangas, seen its TV series, and
films you know what is ecological message was, he considered that
humans and animals were equals and that life in all its forms was
precious... Miyazaki has the same ecological ideology...
In the world where Godo lives only the senate eats fresh food
none of the others have heard of apples, and mushrooms.
The
animation of the Earth's destruction is a ten or twenty minutes
symphony, altogether scary and beautiful. Mostly scary because there
are chances that our planet will die under our hands.
There are so many mangas which take place after/ during a massive
destruction: Survivor,
Melody of Oblivion,
Evangelion,
Akira...
Of
course Japan has always been on the junction of tectonic plates, and
has been used for ever to nature's whims, to that was added the
technological twist of the atomic bombs of Hiroshima and Nagasaki
which destroyed humans in a more vicious and strange way: watch
Kurosawa's Dream
or Raspodhy in August...
Phoenix
2772 derive between those three themes, and comedic
characters who are clearly present to make children laugh. Very
operatic like Matsumoto's Ring of the Nibelungen.
This film seemed in 1980 to contain the themes of the future of
Japanese animation: the ecology of Miyazaki's opuses, the
obsession of dictature painted in films like Jin Roh,
Oshii's work...
Phoenix
2772 is a classic, beautiful and lovable...
2 comments:
Excellent review! Your observations were in-depth and very helpful.
thank you :)
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