Wednesday, 4 June 2008

Un conte de noël/ A Christmas Tale by Arnaud Desplechin

English version
It starts with a theatre of Chinese shadows telling the story of the Vuillard family, and the loss of a child, the elder Joseph; how none of the kids, nor the parents were compatible to save him, and how Henry was conceived to save his brother, but also failed .
Then in real mode, five years before the beginning of our story, we see Elisabeth (Anne Consigny), the now elder sister, saying that she'll pay for Henry (the fantastic Mathieu Amalric)'s debts if she never have to see him again. From this day Henry was banished from the family at least when Elisabeth was here.
Our story begins when Junon (Catherine Deneuve, eternal queen of French cinema), the mother, discovers that she's going to be sick, now she needs to find someone compatible to maybe have a chance of being saved…
I need to say that this film is really rich, so with only one vision, my memory and the necessity of being short in this column, I won’t be able to cover it, and won’t talk about the bells that it is ringing in me.
I’ve seen all the Desplechins minus one, I deeply enjoyed all of them. His characters are always very talented intellectuals, able to speak in concepts and analyze things in a very uncommon ways, the kind of guys that you can call Brilliant! But they’re also “slightly” fucked up, at least in their behaviour. The one who seem to be the more functional in society are the evil ones, the most fucked up! The alcoholics creative, drug addicts are too sensitive to properly function in this society. This is why the socially functionning ones are the real monsters, and are scarier than the fucked up.
This film is reusing Desplechin’s own mythology, plus classical mythology. Deneuve is Junon (Juno), her husband (Jean-Paul Roussillon) Abel. Hitchcock is present, in this scene where Phonia (Emmanuelle Devos, extremly sexual in this film), Henry’s girl friend, find Junon in the museum, sitting in front of a painting exactly like Madeleine was, when she was watching Carlotta Valdes’ portrait in Vertigo. The red hair and the blond go shopping together, as if Madeleine and Judy have been two persons... Plus tons of references through the films on tv: the ten commandments, A midsummer dreamShakespeare more present, than the Dickens suggested by the title, has the last word in this film.
The presence of Chiara Mastroiani and Melville Poupaud as a couple, reminds the nineties films where they starred as couples, Amalric and Emmanuelle Devos were also a couple in Ma Vie Sexuelle, and an ex couple in Kings and Queens by the same Desplechin. Elisabeth (Anne Consigny)’s son is called Paul Dedalus, like Amalric in Ma vie sexuelle (my sex life). The funny thing is that I remember reading in an interview that Desplechin choose the name of Paul Dedalus, because it was sounding cool when you say “Paul Dedalus est un con” (Paul Dedalus is a jerk!).
This film is obviously about family, relations between parents, siblings, parents and children, men and women. I think that what this film expresses is that some believe that what is said is truth, that all the viciousness and playful hatred, because expressed in words, is real, when it’s probably hiding an unexplicable and unconceavable love.
Junon and Henry claim that they hate eachother while they’re obviously the same.
This film is sometimes hilarious, violent in love, delightful in the way it abuses families. Well Jean Genet used to say “Familles je vous hais”, it’s rich, and soulfeeding, and I loved it, and will see it again because I was frustrated that it ended.

Version française
Cela commence par un spectacle d’ombres chinoises qui nous raconte l’histoire de la famille Vuillard, et la perte de l’aîné des enfants, Joseph. Personne n’a été compatible, ainsi la greffe de moelle osseuse qui aurait pu le sauver a été impossible. Henry (joué par le truculent et fin Mathieu Amalric), le troisième enfant de la famille fût d’ailleurs conçu pour sauver son frère, mais il n’était pas non plus compatible.
L’histoire continue en mode réel, cinq ans avant le début de l’action. Elisabeth (Anne Consigny) paie les dettes de son frère Henry, à condition qu’il soit banni de la famille.
L’histoire que nous raconte ce film commence lorsque Junon (Catherine Deneuve, majestueuse en reine du cinéma français, comme à son habitude) apprend qu’elle est atteinte d’une maladie du sang et a besoin d’une greffe. Froidement comme si elle jouait au poker Elle va faire tester tous les membres de sa famille, pour gagner en chances.
Je tiens à signaler que ce film est extrêmement riche et que cette critique ne sera pas exhaustive.
Fidèle à son univers, Desplechin nous présente des personnages qui semblent être dans la continuité de ses héros de Comment je me suis disputé. Paul Dedalus, n’est plus Mathieu Amalric, mais le jeune fils de Elisabeth. Le cousin qui a perdu son père, n’est plus Paul, mais Simon (des apôtres?), Chiara Mastroiani est encore partagée (moralement) entre les hommes de la famille. Depuis Rois et Reines tout le monde mélange médicaments et alcool, et l’ivresse les rend idiot et magnifiques comme des créatures du Songe d’une nuit d’été de Shakespeare (cité en référence visuelle (par le petit écran de la télévision) et en mots, les dernières répliques du film.

Ce qui me frappe toujours dans les films de Desplechin c’est à quel point les personnages en douleur sont traités de monstres et comme des monstres, et leurs addictions sont là pour les aider à supporter la vie sociale, alors que ceux qui fonctionnent correctement dans la société sont les véritables monstres, car leur folie ou leur monstruosité est caché sous un comportement « normal », et ils sont d’autant plus effrayants qu’ils passent inaperçus.
Magnifique hommage à Hitchcock, lorsque Phonia (Emmanuelle Devos très sexuelle) retrouve Junon disparue, au musée, assise devant une toile, comme Madeleine face au portrait de Carlotta Valdès dans Sueurs Froides. Elles vont ensemble faire du shopping, la blonde et la rousse, comme si Madeleine et Judy avaient été deux personnes... Desplechin a souvent été vu comme un héritier de Truffaut, alors pourquoi pas comme lui utiliser des méthodes hitchcockienne.
Bien entendu ce film traite des relations familiales, et je trouve passionnant que les faits contredisent les paroles, mais que les personnages adaptés socialement ne supportent pas les mots et se focalisent sur eux plutôt que sur les faits. Ainsi Junon et Henry, se balancent les pires horreurs à la figure, mères et fils disent se haïr mutuellement, mais dans les faits ils passent du temps ensemble et sont similaires, ils se portent probablement un amour trop violent pour être avoué. J’aime ce film qui fait écho au classique « familles je vous hais » de Genet; j’aime la violence amoureuse, la folie et l’intelligence de cet opus, et il est évident que je retournerai le voir avant que ce mois-ci ne s’achève.

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