La version française suit
Dishonored 1931 by Josef Von Sternberg
Third of the seven films that Marlene Dietrich and Josef Von Sternberg shot together, Dishonored is an amazing curiosity for 2009 eyes and ears. In 1931 cinema with sound was only 2 years old and the treatment is thus quite unexpected. It leaves us to imagine that another way to tell stories (another cinematographic grammar) could have been created.
Dishonored tells the story of Marie (Marlene Dietrich), widow of a young captain, she fell into misery and prostitution. She’s hired as a spy to act “where men failed” during the war between the Austro-Hungarian Empire and Russia.
The plastic beauty of this film does not give away anything from its emotional power. If in it Dietrich carries on working on her stardom persona: femme fatale ready to follow proudly her destiny till death (like a true tragic character),she is already bewitching. The cat that she carries with her all along the story seems to be her lazy double. He’s the detail that gives her away , “the only being [she] ha[s] the right to love” .
Dietrich’s body only moves like a block, her hands always on her waist like an old time beer fest waitress, and her eyes go laterally like those of an automat or of a soul trapped in an automat, by contrast the beauty of her face , her mystery makes us oblivious of the stiffness of her body language.
It’s interesting to note that she has a tendency to seduce and place herself in space, in the highest possible places: a balcony when she meets Kranau and she throws glitter to his face,;the top of giant Russian furniture when she seduces the general, playing hide and seek and impersonating a cat. To him she throws beer! It’s a very static and unconventional ( for 2009) posture of seduction but would be interesting to analyse as social behaviour !
In this opus surrounding sounds are mainly inexistent or at least reduced to the minimum (which is normal for a 1931 film)between two dialogues the silence takes all the space. That’s where music and pianos become so important. X27(Marie’s code name) plays the piano each time that she can. Music is always in the action, in the story and rarely off, as if Von Sternberg had refused the musical score to stress on the emotion (like it does in lots of Hollywood classics and also in the silent era films!)
The method gives a feeling of purity to the direction. When Marie plays the piano, it’s as if she is finally letting out the emotions she had to hide while being a spy. The emotion does not show simultaneously with the action, this film takes moments of introspection, which is absolutely rare and extraordinary! The music only join the course of events when the information is hidden in a partition she wrote, Kranau who plays it says that this music probably means the death of lots of men!
After the information is delivered the film leaves behind the intimacy of the love/duty relation to showDeath and Destruction . X27 in her leather raincoat witnesses the waltz of arrested officers when she spots the man she conned. Under the pretence of interrogating him she let him escape and for that is condemned to death.
Here the incredible symmetry of this opus’ construction, gives it its tragic touch. X27 ask to wear the same clothes that shewore when she worked for her country. They give her the suit she had on the day she had her first assignment when a young officer showed her the way (and already in love) murmured that he would follow her till death. This man is actually the one who will lead her to execution. She uses his sword to fix her hat, and when ready to die, sexy as hell, he stops the drums and cries that he doesn’t want to kill a woman or a man, that war is butchery. Marie fixes her lipstick and her stockings, he’s replaced and she dies!
Dishonored is not the first Von Sternberg I’ve seen, and the Blue Angel, Shangai Express or Blond Venus, are beautiful films, with a very classic narrative constructions, while Dishonored is so pure and strange. The screen fades are the longest I’ve ever seen, letting two actions visually overlapping. it’s as if he was experimenting with storytelling, this film is utterly original. And I’d love to know what lead to this strange construction!
Version française
Agent X27 de Josef Von Sternberg
Troisième des sept films que tournèrent ensemble Marlene Dietrich et Josef Von Sternberg, Agent X27 raconte l’histoire de Marie, veuve d’un capitaine, elle est tombée dans la misère et se prostitue. Elle est engagée par le chef des services secret comme espionne pour « agir là où les hommes échouent » ( la séduction).
La beauté plastique de ce film ne retire rien à l’émotion qu’il véhicule. Si Dietrich est encore dans la création de son personnage de femme fatale, prête à aller avec fierté jusqu’au bout de sa destinée , elle est déjà absolument ensorcelante. Le chat qu’elle promène tout au long de l’histoire semble être son double paresseux. Il est le détail qui la trahit « le seul être qu’ [elle] a le droit d’aimer » !
Le corps de Dietrich (et ça n’est pas spécifique à ce film, je me souviens que ça m’avait frappé lorsque j’ai vu la vidéo de son concert à Londres en 1972), bouge toujours d’un bloc, elle porte ses mains sur ses hanches comme une serveuse de brasserie Kanterbrau et ses yeux se meuvent souvent de façon latéral, comme si son âme avait été emprisonnée dans un corps d’automate. En revanche la beauté de son visage et le mystère qu’elle porte, font oublier la raideur de ce corps.
Il est intéressant de noter comment X27(c’est presque un nom de robot) occupe l’espace, elle a tendance à toujours se placer en hauteur. Elle est sur un balcon lorsqu’elle rencontre Kranau, lui est en bas et pour attirer son attention, elle lui lance des paillettes sur le visage. Elle est aussi en hauteur lorsqu’elle séduit le général, ils jouent à cache-cache et imitant un chat elle monte sur une armoire, puis au lieu de lui jeter des confettis comme à Kranau, fait couler sa bière sur son visage. Il serait passionnant d’étudier l’étrange façon dont la séduction s’opère dans ce film, ce serait presque une étude sociologique sur les rapports entre hommes et femmes dans l’Allemagne des années 30 (le film est tourné en Amérique mais le scénariste, réalisateur et certains acteurs sont germaniques)
Dans cet opus les bruits d’ambiance sont réduits au minimum. Entre deux dialogues, il y a un silence feutré de salle d’attente. La musique est pratiquement toujours interne à l’histoire, pas de grande symphonie comme dans le muet ou les films classique Hollywoodien, pour souligner les émotions. Les émotions ont leur propre temps qui est celui où X27 joue du piano. Bien que le jeu de Marlène (très jeune encore) soit très exagéré, j’aime beaucoup cette pureté de la mise en scène, qui veut justifier tous les procédés. Le piano permet à x27 de laisser échapper ses sentiments qui dans l’action était emprisonnés. L’effet est à vrai dire assez étrange, mais nullement ridicule, il est justement très étonnant !
Le seul moment où la musique réellement rejoint le cours des événements et n’est plus réservée à la libération des émotions, c’est lorsque X27 cache ses informations dans une partition. Kranau joue la musique, il dit que ces notes étranges « portent probablement en elles mort de beaucoup d’hommes ! » Cette composition ressemble à de la musique moderne, et probablement à l’image de la guerre , elle se dédouane de l’harmonie !
Une fois les informations délivrées ce qu’avait prédit Kranau se révèle vrai, et le film s’éloigne définitivement du luxe et des intérieurs cosy pour montrer dans un montage à la hache toute l’horreur des guerres ! Voilà X27 dans son imperméable de cuir qui regarde défiler les officiers russes humiliés, et parmi eux, l’homme qu’elle aime (Kranau). Sous prétexte de le faire parler, elle lui donne l’occasion de s’évader et pour cela, elle sera condamnée à mort !
Et là, la magnifique symétrie du film le rapproche de la tragédie classique. Alors qu’on lui demande ses dernières volontés, Marie veut bien entendu un piano, et les vêtements qu’elle portait lorsqu’elle travaillait au service de son pays. C’est habillée comme le jour où on lui a donné sa première mission qu’elle se présentera devant le peloton d’exécution, et c’est le jeune officier qui tout émue de sa beauté, en ce premier jour, lui avait promis qu’il la suivrait jusqu’ à la mort, qui doit l’amener à sa condamnation. Elle vérifie que son chapeau est bien mis en se regardant dans son sabre. Puis lorsque le tambour s’emporte n’en pouvant plus il l’arrête de ses deux mains en hurlant qu’il ne veut pas tuer une femme, ni un homme et qu’il y a déjà eu trop de mort ! Pendant ce temps Marie s’est mis du rouge à lèvre a remonté ses bas, le jeune officier est remplacé et elle meurt !
Cette fin est sublime, elle montre autant la fatigue des hommes face à la guerre que le pouvoir de la femme fatale, digne, féminine et sublime jusqu’au dernier instant ! Ce film est à la fois étrange et passionnant, il a les plus longs fondus enchaînés que j’ai vu, et bien que j’ai visualisés d’autres films de Von Sternberg antérieur ou postérieurs aucun n’avait une si grande part de recherche formelle et narrative. La construction de cette histoire est extrêmement originale et j’aimerais connaître les idées qui menèrent à ce résultat.
No comments:
Post a Comment