Friday, 7 May 2010

Âmes en Stock / Cold Souls




ENGLISH VERSION FOLLOWS THE FRENCH ONE.

Le plus beau compliment qu'on ne m'ai jamais fait, fût de me dire ,un jour, que j'avais l'âme slave. Je n'ai jamais vraiment su si cette expression avait une portée en anglais comme elle en à une en français, et c'est toute la beauté d'Âmes en Stock, (dont la réalisatrice est française) d'imaginer que les russes vendraient leurs âmes comme une richesse de leur PIB.

Âmes en Stock raconte l'histoire de Paul Giamatti. Il a du mal à supporter le résidu émotionnel de son travail sur Oncle Vania de Tchekhov. Je resitue la pièce pour ceux qui ne la connaîtrait pas :Vania a travaillé toute sa vie pour subvenir aux besoins de son beau-frère qu'il considérait comme un génie. Mais à 47 ans découvrant le désir et l'amour, il se rend compte qu'il a gâché son existence et que l'homme qu'il mettait sur un pied d'estale n'a pas de talent et lui a tout pris.
C'est une pièce sublime et bien entendu tout acteur jouant Vania ne peut être que bouleversé par lui. Mais Paul perd pied, et apprenant que les âmes peuvent être entreposées, il décide de se libérer de la sienne.

Un acteur, un artiste travaille avec son âme. Je trouve sublime, humain et touchant qu'un acteur s'aveugle suffisamment sur lui-même pour renoncer un moment à son instrument pour être capable d'en jouer. Et c'est justement parce qu'il a fait cette erreur que l'histoire existe. Contrairement à un banquier ou un politicien un acteur, il sait à quoi sert une âme, comment elle fonctionne et comment la nourrir. Et si Paul ignorait être en possession de ce savoir cela devient clair lorsqu'il apprend que son âme a été volée par une bimbo russe qui joue dans soap-opera.

Âmes en Stock ressemble à s'y méprendre à du Charlie Kaufman. Comme on appelait le cinéma de Carné du réalisme poétique je dirais, que les oeuvres du grand Charlie et consort sont du pragmatisme métaphysique ( si quelqu'un a une meilleure expression venez à mon secours!). Comment ne pas penser à Dans la Peau de John Malkovich, ou comment ne pas penser à Eternal Sunshine of a spotless mind en voyant Âmes en Stock? Je fais aussi entrer dans cette catégorie de films, même s'il est un peu raté I heart Huckabees ( que j'aime beaucoup malgré tout) .

Tous ces films inventent des machines ou des processus concrets pour réparer les problèmes abstraits: la machine à effacer les souvenirs, le tunnel pour rentrer dans l'esprit de quelqu'un d'autre, les détectives métaphysiques et enfin la machine a extraire et réinsérer les âmes.
Si l'esthétique de ce premier long métrage de Sophie Barthes, fait beaucoup penser à celle des films précédemment cités, elle ne s'englue jamais, comme cela peut arriver à Kaufman, dans les paradoxes de paradoxes et les twists à n'en plus finir. Ce film est parfaitement rythmé, il est inspiré, gracieux, optimiste et finalement au service de la beauté. Toute la partie en Russie est magnifique,et j'aime assez cette manie cinématographique récemment acquise dans des films comme Lost in Translation ou La science des rêves , de ne pas sous-titrer lorsque les personnages parlent une autre langue. Cela permet, je pense, aux spectateurs de vivre le film sensoriellement plutôt qu'intellectuellement et finalement de se connecter à la poésie de l'inconnu. Cela renforce aussi la subjectivité puisqu'un spectateur qui comprend le russe et l'anglais verra un autre film que celui qui ne comprend que l'anglais.

Détail comique et surréaliste, l'âme de Giamatti ressemble à un pois chiche!

Ce film est très riche, et subtile là où d'autre auraient fait de cette oeuvre un ramassis de clichés. Les acteurs sont en état de grâce, j'aime beaucoup la mule à âmes Dina Korzun.

Là où Dans la Peau de Malkovich était freudien, Âmes en Stock est jungien. il ne réduit pas l'Inconscient de l'humain à sa sexualité mais l'élargie à quelque chose de poétique et magique. Freud pensait que l'Inconscient pouvait être vidé, alors que Jung justement le voyait comme perpétuellement enrichi et nourri. Peut être pourrait-on dire que Kaufman voit dans l'Inconscient ( l'âme ,peu importe comment on l'appelle) quelque chose d' handicapant? Sophie Barthes partirai alors du pessimisme de Kaufman pour nous montrer que l'âme au contraire est le coeur de notre richesse..
J'ai été vraiment très touchée par cette oeuvre, et j'ai hâte de voir les prochains films de Sophie Barthes. Ce film est sorti cette semaine ne le ratez pas!


The most beautiful compliment that has ever been said to me, was to say that I have a Slavic soul. I've never been able to know if this expression had the meaning in English it has in French ( :a person very sensitive to beauty, art, emotions which can go from tears to laughters in a glimpse...)
Anyway Sophie Barthes the writer and filmmaker of this sublime American opus, being French had the wit to imagine that Russian could actually sell their beautiful souls like a resource of their GDP.

Cold Souls tells the story of Paul Giamatti( himself) who can't manage to deal with the emotional residue of his work on Chekhov's Uncle Vania. For those who don't know the play : Vania worked his whole life to provide for the needs of his brother in law whom he considered a genius. But at 47 , being touched by desire and love , he realises that his existence was spoiled, and that the man whom he admires has no talent and took everything from him.
The play is sublime, it's one of the greatest plays ever written, and of course any talented actors who works on Vania's character has to be upset. It's hard for Paul to get away from Vania, and he decides, learning that soul can be stocked, to give up his.

An actor, an artist works with his soul. I find sublime, human and touching that an actor could blind himself enough to give up his instrument to be able to play with it. And that's exactly because of this mistake that the story happens. On the contrary of a politician or a banker, an actor knows exactly the purpose of a soul, how it works and how to feed it. And this knowledge(that he always had) dawns on Paul when he learns that his soul has been stolen by a Russian bimbo who plays in a soap opera.

Cold Souls could almost be a Charlie Kaufman's film. If Marcel Carné's cinema was qualified as poetic realism, we could call what Kaufman and a few others are doing Metaphysical Poetic Pragmatism (why not ? ( If you have a better expression please save me from this one)). How not to think of Being John Malkovich, or Eternal Sunshine of a Spotless Mind seeing Cold Souls? I also put in this category the partially failed I Heart Huckabees which I love anyway.
All those films are inventing machines and systems to solve abstract problems: the machine which erase memories, the tunnel to live in somebody else's mind, the metaphysical detective, and of course last but not least the extracting souls machine.
Aesthetically this first feature film is also very close to the previously named opuses. Though Sophie Barthes never lose herself , like it sometimes happens in Kaufman's films in paradoxes of paradoxes, and in an endless suite of twists. This film is perfectly rhythmed, it's inspired, gracious, optimistic and eventually serves the cause of Beauty. The Russian part is wonderful.
I love this new cinematographic habit of loosing viewers in translation: Gondry used that and his master piece ( in my opinion) The science of Dreams and of course Sophia Coppola in my favourite film of hers Lost In Translation. Not putting subtitles when characters speak in Russian or Japanese or French helps the viewer to live the film more like an experience than an intellectual process and thus to connect with the poetry of the unknown. This also reinforce the subjectivity of the inner projection, because a viewer who understand English and Russian will see a different film from the one who only understands English.
Ironical detail Giamatti's soul looks like a chick pea.

This film is very rich, and subtle where others could have gathered a bunch of clichés. The actors are in a state of grace. I really like Dina Korzun who plays the soul mule.

Where Being John Malkovich was Freudian, Cold Souls is Jungian. It doesn't reduces the Unconscious of the human to sexuality but extend it to something poetic and magical. Freud thought that the Unconscious could be emptied while Jung said that it was perpetually filled by new elements. Maybe one could say that Barthes starts where Kaufman stops. Kaufman still seems to see the Unconscious ( or the soul) as a crippling factor, he's often very pessimistic about humanity and Barthes let us leave the film with the feeling that our often crippling soul is the very heart of our beauty.
No need to add that I've been very touched by this film, and can't wait to see more of Sophie Barthes'work.

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