Monday, 25 June 2012

Marathon fête du cinéma jour #2


À cause de la fatigue je ralentis le rythme, aujourd'hui je n'aurais vu que deux films. Le hasard a voulu que la langue de prédominance de la journée soit l'Allemand, ça tombe bien, le cinéma sert aussi à progresser en langues.

Juste après l'annonce d'une mauvaise nouvelle, me voilà avec mon billet en main pour aller voir le Faust de Sokourov au MK2 Beaubourg, j'ai à peu près les larmes aux yeux, mais je me dis que pour l'instant je n'y peux rien alors autant continuer avec mon programme du jour, au moins pour un film, on verra ensuite. Et je regarde le poète public qui cette fois a un petit public et j'ai presque envie de voir si sa poésie pourrait quelque chose pour moi.
Faust d'Alexandre Sokourov, donc :Je réserve un jugement plus approfondi sur le film pour plus tard, la critique (moi) étant assez déconnectée et par la fatigue physique et un moral à zéro n'a pas cherché la petite bête et à pris les choses comme elles venaient. La réalisation est assez télévisuelle, l'image est souvent distordue probablement pour insinuer la distorsion de la réalité. Le film me fait penser à certaines pièces que j'ai vu dernièrement où tout à coup on perd le sens de l'histoire et on se laisse aller à une abstraction verbale, ici c'est le paysage qui perd sa logique en bout de course ainsi que les notions du bien et du mal dont je pensais que Faust était fait. Je ne suis pas fan de l'opus en tant qu'objet visuel, trop travaillé et bruyant visuellement, une recherche du côté des clairs obscurs de la peinture hollandaise, ça n'est pas une esthétique dans laquelle je me retrouve. Mais j'aime le traitement du désir de Faust pour Marguerite, la lenteur avec laquelle cette manipulation est mise en place et s'articule avant qu'il ne vende son âme. Le film est très théâtrale tant il joue sur la bouffonnade et les corps qui s'entrechoquent, mais Marguerite est comme une bulle de clarté et de beauté, la manière dont Sokourov et Faust s'oublient dans son visage quand passe la lumière du soleil est incroyable, il est rare que comme dans la vie de tous les jours on voit un film se perdre dans un regard pendant un instant qui dure. Ce Faust là se fiche des notions de bien et de mal, de Dieu et du diable vu qu'il est amoureux, il comprend que son âme a plus de valeur qu'un bout de papier même signé de son sang, et s'en va par la nature superbe... laissant Mauritius, son mephisto, avec les problèmes matériels et la philosophie de la vie.

Comme je ne pensais plus à mes problèmes je ne voulais pas m'arrêter là et j'ai enchainé toujours au MK2 Beaubourg avec le documentaire sur Gerhard Richter.
Gerhard Richter painting de Corinna Belz
Circonstance de la séance: un jeune homme beaucoup trop parfumé est venu s'assoir à côté de moi, j'ai donc passé le film a respirer par le bouche.
Connaissant peu le travail et la personnalité de Gerhard Richter j'étais très intéressée par ce documentaire. Filmé de façon très intelligente, laissant le plus possible la parole au peintre, il s'intéresse surtout à la nature de sa peinture et au processus créatif, surtout celui des toiles abstraites. Richter peint en direct, une fois que ces assistants lui ont préparés les peintures. Il définit lui-même sa peinture abstraite comme dictée par la toile, et dit ne s'arrêter que lorsqu'elle a l'air finie, qu'elle est belle, puis il la teste la suspend et attend de voir s'il va peindre par dessus ce qu'il fait souvent.
Le film est devenu très intéressant à partir du moment où Richter s'est confronté à la caméra, l'a questionnée. Parce qu'il est regardé il s'inhibe, et il explique alors qu'il prend parfois trop de plaisir à peindre et qu'ensuite il se cache derrière sa peinture tout en craignant que le plaisir qu'il y a pris soit visible. À un moment alors qu'il séchait sur une toile, Corinna Belz lui demande « vous êtes désemparé ? » et il répond « oui mais ça ne compte pas je suis toujours désemparé ».
Le parallèle avec Barbara vu hier soir est intéressant, car Richter était un peintre de la RDA et qu'en passant à l'ouest en 1961 il se condamnait sans le savoir à ne plus jamais revoir ses parents. Le documentaire est sobre et tout à fait passionnant, nous éclairant sur un processus créatif précis. Il m'a permis de découvrir un artiste exigeant et toujours en questionnement. Même en respirant par la bouche, déprimée et épuisée comme je suis j'ai pu l'apprécier.
Donc voilà pour le moment j'ai vu tout ce que je voulais voir. Mon marathon pour le moment n'est que de 6 films, les choses bien entendu deviennent intéressantes à partir du moment où l'on commence à aller voir des choses les yeux fermés et à faire des découvertes, nous verrons donc ce qu'apportera demain, en attendant il faut se reposer!

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