À cause de la fatigue je
ralentis le rythme, aujourd'hui je n'aurais vu que deux films. Le
hasard a voulu que la langue de prédominance de la journée soit
l'Allemand, ça tombe bien, le cinéma sert aussi à progresser en
langues.
Juste après l'annonce
d'une mauvaise nouvelle, me voilà avec mon billet en main pour aller
voir le Faust de Sokourov au MK2 Beaubourg, j'ai à peu
près les larmes aux yeux, mais je me dis que pour l'instant je n'y
peux rien alors autant continuer avec mon programme du jour, au moins
pour un film, on verra ensuite. Et je regarde le poète public qui
cette fois a un petit public et j'ai presque envie de voir si sa
poésie pourrait quelque chose pour moi.
Faust d'Alexandre
Sokourov, donc :Je réserve un jugement plus approfondi
sur le film pour plus tard, la critique (moi) étant assez
déconnectée et par la fatigue physique et un moral à zéro n'a pas
cherché la petite bête et à pris les choses comme elles venaient.
La réalisation est assez télévisuelle, l'image est souvent
distordue probablement pour insinuer la distorsion de la réalité.
Le film me fait penser à certaines pièces que j'ai vu dernièrement
où tout à coup on perd le sens de l'histoire et on se laisse aller
à une abstraction verbale, ici c'est le paysage qui perd sa logique
en bout de course ainsi que les notions du bien et du mal dont je
pensais que Faust était fait. Je ne suis pas fan de l'opus en
tant qu'objet visuel, trop travaillé et bruyant visuellement, une
recherche du côté des clairs obscurs de la peinture hollandaise, ça
n'est pas une esthétique dans laquelle je me retrouve. Mais
j'aime le traitement du désir de Faust pour Marguerite, la
lenteur avec laquelle cette manipulation est mise en place et
s'articule avant qu'il ne vende son âme. Le film est très
théâtrale tant il joue sur la bouffonnade et les corps qui
s'entrechoquent, mais Marguerite est comme une bulle de clarté et
de beauté, la manière dont Sokourov et Faust s'oublient dans son
visage quand passe la lumière du soleil est incroyable, il est rare
que comme dans la vie de tous les jours on voit un film se perdre
dans un regard pendant un instant qui dure. Ce Faust là se fiche
des notions de bien et de mal, de Dieu et du diable vu qu'il est
amoureux, il comprend que son âme a plus de valeur qu'un bout de
papier même signé de son sang, et s'en va par la nature superbe...
laissant Mauritius, son mephisto, avec les problèmes matériels et
la philosophie de la vie.
Comme je ne pensais plus
à mes problèmes je ne voulais pas m'arrêter là et j'ai enchainé
toujours au MK2 Beaubourg avec le documentaire sur Gerhard Richter.
Gerhard Richter
painting de Corinna Belz
Circonstance de la
séance: un jeune homme beaucoup trop parfumé est venu s'assoir à
côté de moi, j'ai donc passé le film a respirer par le bouche.
Connaissant peu le
travail et la personnalité de Gerhard Richter j'étais très
intéressée par ce documentaire. Filmé de façon très
intelligente, laissant le plus possible la parole au peintre, il
s'intéresse surtout à la nature de sa peinture et au processus
créatif, surtout celui des toiles abstraites. Richter peint en
direct, une fois que ces assistants lui ont préparés les peintures.
Il définit lui-même sa peinture abstraite comme dictée par la
toile, et dit ne s'arrêter que lorsqu'elle a l'air finie, qu'elle
est belle, puis il la teste la suspend et attend de voir s'il va
peindre par dessus ce qu'il fait souvent.
Le film est devenu
très intéressant à partir du moment où Richter s'est confronté à
la caméra, l'a questionnée. Parce qu'il est regardé il s'inhibe,
et il explique alors qu'il prend parfois trop de plaisir à peindre
et qu'ensuite il se cache derrière sa peinture tout en craignant que
le plaisir qu'il y a pris soit visible. À un moment alors
qu'il séchait sur une toile, Corinna Belz lui demande « vous
êtes désemparé ? » et il répond « oui mais ça
ne compte pas je suis toujours désemparé ».
Le parallèle avec
Barbara vu hier soir est intéressant, car Richter
était un peintre de la RDA et qu'en passant à l'ouest en 1961 il
se condamnait sans le savoir à ne plus jamais revoir ses parents. Le
documentaire est sobre et tout à fait passionnant, nous éclairant
sur un processus créatif précis. Il m'a permis de découvrir un
artiste exigeant et toujours en questionnement. Même en respirant
par la bouche, déprimée et épuisée comme je suis j'ai pu
l'apprécier.
Donc voilà pour le
moment j'ai vu tout ce que je voulais voir. Mon marathon pour le
moment n'est que de 6 films, les choses bien entendu deviennent
intéressantes à partir du moment où l'on commence à aller voir
des choses les yeux fermés et à faire des découvertes, nous
verrons donc ce qu'apportera demain, en attendant il faut se reposer!
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