Monday 21 September 2009

La Huitième Femme de Barbe Bleue de Ernst Lubitsch


Le cinéma est magique, il donne à des figures disparues il y a longtemps l’immortalité dans leur jeunesse, leur beauté, leur attraction sexuelle et leur humanité. Evidemment certaines stars et de nombreux films ne vieillissent pas bien, et l’age n’est certainement pas un critère de qualité (d’ailleurs peut on parler de vieux film pour un art qui comparé aux autres n’a que 114 ans ?) . Mais La Huitième femme de Barbe Bleue est un chef d’œuvre qui ne peut pas vieillir.
Ce film commence donc sur la cote d’Azure où un américain fait un scandale dans un grand magasin. Il veut seulement acheter le haut de son pyjama. Une jeune femme arrive et achète le bas. La chimie est immédiate entre Michael Brandon (Gary Cooper) et Nicole de Loiselle (Claudette Colbert), mais pourquoi a-t-elle acheté le bas ? ce bas de pyjama ne peut pas être pour elle, elle est trop petite et Cooper trop grand! C’est un des employés du magasin qui conclut pour Cooper « C’est une femme amoureuse ! »

Cooper a des insomnies et il est milliardaire, il demande donc a changer de chambre. Alors qu’on lui fait visiter une suite, un noble déchu squatte le lit. Quand il en sort Cooper reconnaît le pantalon de pyjama et apprenant que l’homme est le père de la jeune femme décide sur le champ qu’il épousera Nicole. Elle est très agacée par son arrogance d’américain, et le pousse à lui faire la cour. Là l’amour naît. Seulement après avoir acceptée de l’épouser Nicole apprend qu’elle sera la huitième épouse de Michael, traitée comme une marchandise elle décide de faire monter le prix du divorce éventuel.
Elle part en lune de miel bien décidée à lui faire payer de l’avoir acheté et d’avoir marchandé leur mariage. Rapidement, ce mariage tourne au cauchemar car Colbert fait chambre à part et maltraite (psychologiquement)Cooper… Il tente de la séduire par plusieurs moyens et s’inspire même de Shakespeare pour apprivoiser sa « mégère ». Il n’a pas compris que c’est lui qui faisait l’objet d’un apprivoisement…
Ce film est de Lubitsch, la magie réside donc dans la mise en scène d’une fluidité, d’une maîtrise et d’une inventivité jamais vue depuis ! On appelle cela la « Lubitsch touch », qui peut être définie par une capacité à transcender la grossièreté et la rendre légère, par le truchement de l’ellipse par exemple . Cette fiction est profondément touchante et drôle mais aussi et malgré le code Hayes, sensuelle. Il s’agit d’une histoire d’amour puis d’un apprentissage, celui de l’amour. Cette fiction constate avec humour que l’amour ne peut pas exister sans sa part de souffrance, que du moins il ne peut pas durer sans avoir flirté avec la frustration. Gary Cooper est plus que touchant en homme blessé, en homme qui finalement et c’est profondément moderne dans un film de 1938, accepte de montrer sa sensibilité. Cette comédie est d’autant plus drôle qu’elle menace constamment de tourner au drame.

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