ENGLISH VERSION FOLLOWS
Inspiré par les tableaux de Hogarth The Rake's Progress et mis-en-scène par Mark Robson sous la houlette de Val Lewton, Bedlam est un de ces classique du film d'horreur produit par la RKO.
Horreur, vraiment ?
Ce film, pour nous, est plutôt didactique: il montre comment une jeune femme apprend à faire attention aux autres, puis découvre l'humanité chez des personnes déclarées malades mentalement.
Mais je vais plutôt commencer au commencement et vous raconter de quoi ce film parle. Bedlam était le surnom donné à l'asile de Londres Saint-Mary of Bethlehem au dix huitième siècle, "age de la raison" pour les britanniques, et siècle des lumières pour les français. (rappelons ici que nos philosophes des lumières ont beaucoup été éclairés par l'avance sociale qu'avait pris l'Angleterre à l'époque( je dis juste ça pour calmer toute tentation de chauvinisme ;)). cet «hôpital psychiatrique» était donc dirigé par le spirituel et diabolique maître Sims ( extraordinaire Boris Karloff). Parce qu'un des ses “invités” s'est échappé et est mort, la soirée de Lord Mortimer a été gâchée, celui-ci demande donc des comptes à Sims. Sims pour se faire pardonner promet une soirée amusante où ses fous joueront la comédie. Nell Bowen, actrice et amusement personnel du lord, est choquée par l'attitude de Sims et demande à visiter l'asile. Là bas elle découvre la saleté, la tristesse et la déshumanisation. C'est un quaker qui va lui ouvrir les yeux sur sa propre humanité. Elle qui disait ne chercher que le plaisir va tenter de réformer Bedlam, et c'est pour cela que Sims va faire d'elle... l'une de ses invitées...
Visuellement Bedlam est sombre et très beau. Tout le film est construit comme une dissertation, une sorte d'essai antipsychiatrie avant l'age. Donc ce film se réfere à cet age des lumières que fût le dix-huitième siècle, mais est aussi en avance sur son temps dans le vingtième ( l'antipsychiatrie ne deviendra mouvement que dans les années soixante). Vous voyez le génie de Lewton, maintenant? Sous couvert d'un film d'horreur il arrive à diffuser la théorie de Jean-Jacques Rousseau selon laquelle c'est la société qui corromp l'homme naturellement bon.
J'ai ajouté un extrait de Les Ensorcelés de Vincente Minelli où Kirk Douglas joue un avatar de Lewton lorsqu'il décide que pour créer la peur il vaut mieux ne pas montrer ( comme il le fit pour La Féline de Jacques Tourneur)
Bien que ce film soit très bavard (les dialogues sont très bien écrits mais nous ne sommes plus habitués à tant de pédagogie), Bedlam est très beau et absolument regardable, d'abord grâce à l'indémodable jeu de Boris Karloff, à l'intelligence du scénario qui n'est pas prévisible ( comme c'était le cas des trois quart des films des années 1940) et de la richesse des idéologies déployées dans le script.
Je trouve assez géniale la petite séquence où l'un des internés montre le flipbook qu'il a fait des bonnes actions de Nell Bowen à Bedlam. On comprend alors qu'il a été interné à cause de ses livres d'images animés par le mouvement. Que penser de cela? Être un précurseur du cinéma mènerait-il à l'asile?
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BEDLAM 1946 (English version)
Inspired by Hogarth's paintings The Rake's Progress and directed by Mark Robson under the mentoring of Val Lewton, Bedlam is one of those RKO horror pictures of the forties. Horror, why? this film, for us, now, would be kind of didactic: how a young lady learns to care for others then discover the humanity in mentally ill people.
Visually Bedlam is very dark, and very beautiful. The whole film is a demonstration, or an essay on the relativity of madness, its thesis is very close to the one of the anti-psychiatry movement which was only created in the sixties, so the ideology of this film though referring to the age of enlightenment that the eighteenth century was, is also in advance on his own time. Don't you see the genius of Lewton there? Under the cover of an eerie movie he displayed the ideology of Jean-Jacques Rousseau who believed that all men were born good and that society turned them into evil...
I add here an extract of Vincente Minelli's The Bad and The Beautiful were Kirk Douglas portrays a producer inspired by Lewton and his fantastic idea (for Jacques Tourneur's Cat People) of not showing to create fear!
Though this film is very talkative (in a brilliant way), it is beautiful and still very watchable especially because of Boris Karloff genial acting, the wittiness of the script ( one of the loonies also shows and flip book of animation and we understand that he was interned because of being a precursors of the invention of cinema, isn't it great?) and the richness of the ideology deployed in this plot.
1 comment:
Great blog Valerie. I'm also a big fan of Night of the Hunter--great film. I got to see the White stripes documentary just this weekend--also very good. Keep up the good work and good luck in your pursuits.
--Pumpboy
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