Saturday, 24 April 2010

Le Mariage à Trois , Jacques Doillon


The English version of this entry is just after the trailer.

Auguste, dramaturge de son état, fantasme encore la présence de son ex-femme, qui dit-il le visite parfois. Son rêve éveillé est interrompu par l'arrivée de Fanny, « la fille dans les étages » étudiante en droit qui s'occupe de son courrier. Il lui dit qu'il a des invités, et que s'il se fait trop chier il viendra la voir... Ainsi commence Le Mariage à trois, nouveau film de Jacques Doillon, mettant en scène le sublimissime Pascal Greggory.

Les invités sont les deux acteurs qui vont jouer sa pièce et leur metteur en scène. Cette rencontre qui devait porter des éclairages sur le texte d'Auguste est en fait une excuse pour son ex-femme Harriet ( formidable Julie Depardieu qui enfin a le droit de déployer toute sa féminité) de lui présenter l'homme qu'elle va épouser Théo ( classieux Louis Garrel) car elle espère les réunir dans un ménage à trois, à cinq... peu importe...


Si les premières 5 minutes m'ont légèrement désabusées, le reste du film est une envolée drôle, émotive et déchirée dans les tourments du désir , du jeu et de l'amour. Harriet dit que ses hommes sont « fous à aimer » et c'est bien de la douceur de leur folie dont il est question. Auguste après chaque révélation remonte dans les étages pour chercher le calme auprès de la jeune fille, le film est rythmé par cette montée dans les étages, et aussi comme dans un conte de printemps par les nombreuses echappées érotiques des personnages qui comme dans une spirale finissent par rencontrer les étages...


Prenez des personnages à priori cérébraux et laissez les être décérébré par la joie de vivre, le plaisir de réapprendre à aimer, et de céder toujours à la tentation. Le mariage à trois est brillant, il brille de milles feux. Comme c'est agréable de voir un film qui parle de l'amour sans morale et sans limitations, qui embrasse la folie d'aimer.

Je vois ici et là dans les critiques que je survole des allusions à Marivaux et à Bergman,je dis, pourquoi pas? Mais ce film, comme chaque oeuvre de Jacques Doillon reste un objet unique. D'abord parce qu'il laisse s'épanouir la poésie, la sensibilité et la fantaisie de Pascal Greggory, qui parade comme un coq immature montrant son corps parfait à son rival, puis remonte dans les étages pour réaliser qu'il a été ridicule et qu'il devrait s'excuser. Ensuite parce que son style d'écriture et ses enjeux sont profondément originaux. La présence de Greggory, tous ces discours sur l'amour, la maison à la campagne... font aussi beaucoup penser à Eric Rohmer pour qui l'on convoquait aussi très souvent le fantôme de Marivaux.

Récemment je me disais que les plus grand acteurs, sont ceux qui sont capables de montrer la dévastation de l'amour et du désir sur leur visage; la pâleur qui passe lorsque l'on va perdre l'objet de son admiration, ou la pâleur qui passe et la respiration qui s'arrête lorsqu'on va le gagner. Greggory est un virtuose car comme il dit dans le film « je suis un bon acteur, j'arrive à croire à ce que je dis ». Le regarder est comme disait Truffaut « une joie et une souffrance ». Il est probablement un des plus grands acteurs français et jamais il ne se commet dans les comédies stupides, son goût est impeccable.

Le mariage à trois est frais, puissant, émotionnel et drôle, comme il ne bénéficie pas de beaucoup de publicité je vous encourage à aller le voir!


Auguste, a play writer, fantasize the presence of his ex wife, when he hears the car of the girl in charge of his mail. He tells her, that some guest are about to come, and that when he'll be bored with them, he'll visit her. That's the way « Le marriage à trois », the new jacques Doillon's film begins , starring the sublime Pascal Greggory.

The guests are the two actors who are going to present his play and their director. This meeting which is supposed to enlighten the meaning of August's text, is in fact an excuse for Harriet (his ex-wife/actress, wonderful Julie Depardieu, finally having a part that assume her femininity)to make him meet her future husband, Theo (the very classy Louis Garrel), because she hopes to gather them in a wedding at 3, maybe 5 , maybe more...


If I felt quizzical during the first 5 minutes of the film, the rest of it swept me from my chair, in a funny, emotional and torn surge in the torments of desire, of game and of love. Harriet says that her men are « crazy to love » and this film is really about the softness of their madness. Each times something hurts Auguste, he goes upstairs to find the calm with Fanny ( the girl upstairs). The whole film is rythmed by these visits and like in a spring tale,also by the erotic episodes, games of desire and excitation. Like in a whirl those visits upstairs also become erotic...


Take characters who at first seem to be bergmanian brainiacs, and let them be decerebrated by the joy of life, the pleasure to learn to love again and to always embrace the temptation. Le mariage à trois is brilliant, it sparkles like a diamond, and it's wonderful to see a film that talks about love without limitations, deprivations, moral and which embraces the madness of loving.

Here and there in the critiques that I vaguely read, I saw Marivaux and Bergman, being mentioned, I say:why not? but this film like every opuses of Jacques Doillon is profoundly original, first because he gives an opportunity for Pascal Greggory's inner poetry , sensitivity and fantasy to blossom. It's hilarious to show him parading like an immature peacock, showing his perfect body to the man who stole his wife, and then realize , once upstairs, that he has been ridiculous and may present his excuses. Then because the style of the script, and the stakes of this story are truly originals.

Greggory's presence, the country house, the speeches about love... also make me think a lot of Eric Rohmer's work who was also very often accused of bringing back the delicate soul of Marivaux.


Not very long ago I was thinking (seeing Patrick Dempsey failing with that kind of emotion in Grey's anatomy)that the greatest male actors are those who are able to show the devastation love provokes in the character's soul on their face. The paleness that rises when they understand that they're loosing the object of their admiration, or the one which cut their breath, when they understand that they will earn it. Greggory is an emotional virtuoso, a stradivarius. Watching him play is like Truffaut used to say about love « altogether a Joy and a pain » . He's probably one of the greatest actors in France and probably in the world and his taste in films is almost impeccable.

Le mariage à trois is fresh, powerful, emotional and funny. I hope that it will travel the world and that you'll get a chance to see it!



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