ENGLISH VERSION FOLLOWS THE FRENCH ONE (NO NEED TO USE GOOGLE TRANSLATION)
Ce film est l'adaptation
cinématographique du livre et donc du travail de Georges Devereux
avec James Picard, un amérindien Black Foot: Psychothérapie d'un
indien des plaines. Il s'agit donc d'une histoire vraie et d'un
document d'une richesse incroyable parce que grâce à Arnaud
Desplechin on peut avoir dans un film de deux heures la vision
globale d'une analyse complète.
Je n'ai pas encore lu le
livre de Devereux, donc je ne peux pas vous dire si l'adaptation est
fidèle, mais vu que le film ne semble rien réduire à des ficelles
grossières, a priori ça ne m'étonnerait pas qu'il y soit
relativement fidèle.
J'avais très très envie
de voir ce film pour au moins 5 raisons, et je n'ai pas du tout été
déçue. Mes raisons dans le désordre sont :
- les amérindiens ( pour ceux qui sont fidèles à ce blog j'ai écrit plusieurs posts en rapport avec le cinéma produit et réalisé par les amérindiens et surtout focalisé sur le formidable travail que fait l'association de la plume à l'écran. Je vous recommande d'ailleurs d'aller à leur prochain festival du 3 au 18 octobre entre Paris, Nantes, Genève et Marly).
- ensuite j'adore les films de Desplechin, il est un des cinéastes contemporains que je préfère.
- La psychanalyse me passionne.
- Et j'adore Mathieu Amalric et Benicio del Toro.
Ce qui m'a très vite
frappée dans cet opus, c'est le contraste entre le fantasme que
j'avais de ce que pouvait être la thérapie d'un amérindien et sa
réalité. C'est-à-dire que je m'attendais à voir des
psychopathologies nouvelles avec des symptômes originaux et
exotiques. Par deux fois déjà on m'avait expliqué que peu importe
les ethnies, les pathologies sont les mêmes, même si leurs
expressions peuvent être différentes mais il m'a fallu ce film pour
finalement intégrer cette notion. D'ailleurs mon a-priori est
partagé par les personnages du film : lorsqu'il est établi que les
problèmes de Jim Picard ne sont pas d'ordre somatique, la première
question que se posent les membres de l'hôpital militaire de Topeka
est « avons-nous déjà traité un indien ? » et c'est
ainsi qu'ils font appel à Georges Devereux.
La différence en réalité
entre la psychanalyse d'un occidental moyen et celle d'un natif
américain par exemple Jimmy Picard, m'a semblé que justement dans
sa culture il y a déjà des concepts permettant de circonscrire la
réalité psychique. Comme par exemple celui de la mère phallique
qui est …...... (case à remplir SVP par ceux qui verront le film
après avoir lu cette critique (je ne suis pas une bonne critique je
ne prends jamais de notes durant les séances de cinéma)).
Ce qui est le plus
fascinant chez les grands acteurs et dans les grands films c'est la
concentration. La façon dont un mot, par exemple, est prononcé de
façon nette, précise et sans ambiguïté. James Picard (Benicio del
Toro) a une présence, un impact sur la caméra qui prouve que rien
d'autre n'existe que le moment présent.
Ce qui est notifié de
façon subtile dans le film, c'est le rapport de l'Amérique à ses
natifs. Lorsque Jimmy se rend dans un bar on lui demande sa carte
d'identité pour lui servir de l'alcool, comme s'il était mineur. Et
il ne peut pas retirer de l'argent à la banque sans la signature
d'un « blanc ». Desplechin n'a pas appuyé sur le mépris
et le racisme et les a juste cantonné à des faits pour laisser
s'exprimer à l'incroyable finesse et intelligence de Jimmy.
Jimmy dit qu'il pourrait
parler des rêves toute la journée.
Ce film tisse très
finement les relations entre ses deux hommes et l'évolution de la
thérapie. La façon dont Devereux donne les outils de base de
l'analyse à son patient pour le laisser ensuite quand il les
maîtrise, se dépatouiller avec, pour qu'il ne s'agit pas d'une
relation de blanc à indien, mais d'homme à homme. L'outil de base
est ici l'analyse des rêves. Bientôt le filmage nous fait entrer
dans ces songes, si bien que parfois le lien entre ce que le film
présente comme réel et le rêve devient incertain. Pas de
changement des couleurs ou de flou artistique pour signifier qu'on
n'est plus dans la réalité. Techniquement Desplechin reste au plus
près de son sujet, c'est-à-dire d'un homme qui parfois ne sait plus
où commence et où s'arrêtent les états de veilles et de sommeil.
Je ne vais pas aller dans
les détails et analyser une scène, car je pense qu'il vaut mieux
vous laisser le découvrir.
Ce film rend
merveilleusement bien, et avec une grande générosité, qui pour moi
est inédite chez Desplechin, les rapports complexes entre les être
humains et leur psyché. J'ai trouvé très belle l'analogie que fait
Devereux quand Picard lui demande combien de temps va prendre
l'analyse, il lui dit : «combien de temps faut-il pour
rassembler des chevaux égarés?» et Jimmy répond quelque
chose comme « personne ne peut savoir ».
This
film is the adaptation of the book and work of Georges Devereux with
James Picard, a black foot native American : Reality
and dream: Psychotherapy of a Plains Indian, New York: International
Univ. Press, 1951. So it's a true story, and a an amazing document.
Now thanks to Arnaud Desplechin we can have in a two hours film an
overview of a completed psychoanalysis.
I haven't
read Devereux's book yet, so I cannot tell you if the adaptation is
faithful, but as this film doesn't seem to reduce or simplify
anything I wouldn't be surprised if it was rather faithful to the
original work.
I was
absolutely impatient to see this opus for at least 5 reasons, and I
haven't been disappointed. Here are my reason (not in the order):
- Arnaud Desplechin is one of my favourite contemporary filmmaker, and Jimmy P. is his second film in English, the first one was a British production called Esther Kahn, that I absolutely adored.
- I am passionate about psychoanalysis.
- Mathieu Amalric ( that you probably discovered as the villain in Quantum of Solace).
- Benicio del Toro, do you really need me to explain the attraction?...
- The native Americans ( for those who are faithful to this blog, you know that I have covered about three years ago the festival De la plume à l'écran which promotes native American cinema. if you are in France in two weeks I encourage you to come to their next session). I've always been fascinated by Amerindian culture, one of my favourite books ever is Lame deer seeker of vision.
What really
stroke me in this opus, is the contrast between the fantasy I had of
what would be the therapy of a native American, and what it happened
to be. Though I had been told at least twice that neurosis exists
everywhere in the world and in all ethnics, I still thought that
Jimmy would suffer from exotic symptoms. Needless to say that my
prejudice was shared by the characters of the opus. When they ruled
out the physical problem the first thing they wondered was : «have we psychologically treated an Indian before? » and this is
where they called Georges Devereux, an anthropologist, to do the work.
What is
notified in this film, in a very subtle way, is the relationship of
America with its natives. When Jimmy wants to purchase alcohol he has
to show an ID, like a kid under 21. And he can't withdraw his money
from the bank without the signature of a « white ».
Desplechin only displayed the facts without over dramatising them.
The contrast between the way America treats Jimmy like a kid when
he's very much an adult and the way his intelligence appears in his
therapy is sufficiently efficient.
Jimmy says
that he could speak about dreams all day long.
What is very
fascinating in great actors and great films is how focused they are.
The way, a word, for example, is outrightly expressed, without any
ambiguity. James Picard (Benicio del Toro) is here with such an
impact that only the present moment exists.
This opus
weaves very delicately a drawing of the relationship between those
two men and the evolution of the therapy. The way Devereux gives the
basic tools of psychoanalysis to Jimmy and then let him use it by
himself, shows that it's a man to man dialogue, not a white to Indian
one. This basic tool is the interpretation of dreams. And early in
the film, we enter into James' dreams. Sometimes the link between
what is presented as real and the dreams is very blurred. There are
no changes of colours in the dreaming parts, technically Desplechin
stays faithful to Jimmy's symptom which is to be unable to
distinguish dreams from reality.
I won't
analyse any details of any scene, you must all discover by yourself.
In my
opinion this films re-establishes very well and with a great amount
of generosity , which is new in Desplechin 's filmography, the
complex connections between humans and their psyche. I loved
Devereux's analogy when Picard asked him how long it takes to finish
a psychoanalysis, he says «how long does it take to gather
runaway horses? » and Jimmy answered something like « no
one can know ».
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