Sunday 6 March 2011

CinéNordica jour 3 : La Faim de Henning Carlsen

CinéNordica Troisième jour
La Faim est le film que je désirais le plus voir de tout le festival.

Parce que Knut Hamsun est peu lu, et parce que Charles Bukowski le cite très souvent comme son auteur préféré. Parce que mon ami, Guillaume Falourd ( qui mérite autant que d'autres son évocation dans ce blog) m'a appris que Miller (Henry, le hardcore comme dit Gainsbourg ( à qui je peux moi aussi rendre hommage)) était aussi un fan. Mathématiquement et pragmatiquement, si deux auteurs qui sont ou ont été importants dans mon développement en tant que personne le révèrent, il est temps que je m'y mette!

Encore une fois l'adaptation littéraire a pour but, pour moi, non pas de remplacer le livre mais d'en être le teaser!

Je n'ai donc pas pris le risque de lire le livre quelques jours à peine avant la projection: un seul des deux formats aurait survécu.

Je pardonne aux deux danois qui ont passé la séance à parler, le fait de m'avoir déconcentré. Apparemment cette attitude est culturelle.

J'ai été véritablement impressionnée par Kafka lorsque j'ai lu sa nouvelle Un Artiste de la Faim. La faim est pour un être humain une expérience quotidienne mais rare sont ceux, du moins en occident, qui ont eu à en souffrir, à craindre d'en mourir. Le héros, écrivain miséreux, n'a non seulement pas un sou, mais il essaye de maintenir les apparences. Il ne demande pas, ne supplie pas, il doit trouver du travail malgré ses forces déclinantes et il se permet même de rêver à l'amour.


Majoritairement filmé en extérieurs le film est naturellement lumineux et vivant. Alors qu'il s'agit d'un film « historique » il est filmé comme le serait une oeuvre contemporaine et l'auteur ne s'attarde pas sur les détails de la vie quotidienne comme sur des bizarreries du passé, et ça j'aime! Se nourrir est un besoin primaire du corps, centrer un roman ou un film sur un besoin primaire cela signifie aussi, aller à l'essentiel ne plus s'attacher au superficiel.

La difficulté de l'adaptation est donc de créer l'identification puisque la faim n'est pas visuelle.

Bien entendu sur ce type de sujet un film ne peut pas avoir la même force qu'un roman. Recréer les hallucinations de la faim cela voudra dire faire un choix technique qui sera toujours moins fort que celui de la projection de l'esprit. Mais Per Oscarsson parfois bouffon parfois extraordinairement touchant porte son personnage avec assez de grâce pour que notre estomac se sente solidaire et glougloute péniblement dans le silence de la salle.


J'ai été étonnée par l'humour et la fantaisie du personnage principal, je m'attendais vraiment à voir un drame. L'absurdité de son besoin de s'accrocher aux apparences et à la bourgeoisie m'a fait pensé au Tchitchikhov des Âmes Mortes de Gogol.


La Faim est le seul film que j'ai vu aujourd'hui à CinéNordica, je n'ai pas pu résister à l'appel du soleil. Reste deux jours …


Note: Le film était diffusé en numérique ( argh) il n'existe qu'une seule copie 35 mm qui est apparemment dans un sale état ( et pourtant le film n'est pas si vieux (1966)) ça serait bien qu'elle soit restaurée, non?


1 comment:

dasola said...

Bonjour, voilà un film que j'aimerais beaucoup voir car le roman est un chef d'oeuvre. Je ne savais pas qu'il y avait eu une adaptation cinéma. Peut-être sortira-t-il un jour en DVD. Bonne soirée.

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